Les partisans des services de garde à l'enfance subventionnés s'attendent à un financement fédéral à long terme dans le prochain budget, mais certains se demandent s'il est sage de promettre tout cet argent avant même de finaliser des ententes avec les provinces.

On ignore bien sûr l'ampleur des sommes qu'Ottawa promettra dans son budget, mercredi prochain, mais ceux qui sont bien au fait du dossier croient que le gouvernement fédéral prolongera pendant 10 ans son engagement d'investir 500 millions en 2017-2018 dans les services de garde à l'enfance. Ces sommes proviendraient du fonds d'infrastructure sociale.

Selon plusieurs intervenants du milieu, le ministre de la Famille, des Enfants et du Développement social, Jean-Yves Duclos, a souvent laissé entendre qu'un financement fédéral à long terme est dans les cartons à Ottawa, et que le prochain budget en ferait état. Vicky Smallman, directrice à la condition féminine et aux droits de la personne au sein du Congrès du travail du Canada, croit qu'un tel engagement à long terme encouragerait les provinces et territoires à négocier une entente de financement partagé avec Ottawa.

Le gouvernement libéral estime que les frais de garde élevés constituent une barrière à l'emploi pour certains parents canadiens. Le mois dernier, le Conseil consultatif en matière de croissance économique, mis sur pied par le premier ministre Justin Trudeau, recommandait de créer un système de services de garde universel et subventionné, à l'instar du Québec, pour améliorer la participation des femmes à la main-d'oeuvre active.

Dans son budget de 2016, Ottawa a réservé 400 millions pour les services de garde - et 100 millions $ pour ceux des Autochtones -, pendant l'exercice financier 2017-2018. Le gouvernement voulait ainsi encourager les provinces et territoires à négocier pour la mise en place d'un programme national d'éducation préscolaire et de garderies. Ottawa pourrait maintenant vouloir renchérir avec un engagement à long terme.

Mais un tel engagement de 500 millions par année ne satisfait pas tout le monde. Certains partisans des services de garde subventionnés soutiennent qu'il faut aussi indexer ces sommes, sinon Ottawa ne créera pas de nouvelles places.

«Les Canadiens connaîtraient une légère hausse dans les services de garde la première année, mais sans augmentation annuelle, il n'y aurait pas de changements par la suite, et les familles porteraient encore le fardeau de services de garde qui sont les plus coûteux et les moins accessibles au monde», estime Monica Lysack, professeure d'éducation préscolaire au collège Sheridan, en Ontario.

D'autres rappellent que certaines provinces ont déjà commencé à consacrer à leurs services de garde les sommes promises par Ottawa, avant même de s'entendre sur un cadre national. «C'est comme signer un chèque en blanc», s'inquiète Don Giesbrecht, président de la Fédération canadienne des services de garde à l'enfance.