Alors que le gouvernement libéral fédéral subit de la pression à l'international pour augmenter ses dépenses militaires, le ministère de la Défense nationale peine à atteindre les objectifs d'économies et d'efficience déjà formulés relativement aux milliards de dollars qu'il reçoit chaque année.

Le plan de renouvellement de la Défense a été lancé avec faste en 2013 et visait à faire des économies entre 750 millions et 1,2 milliard de dollars qui pourraient être redirigées dans la formation, l'entretien et d'autres activités de première ligne.

Le plan sur cinq ans devait réduire le nombre de gestionnaires, centraliser les activités et accroître l'utilisation de simulateurs.

Des avancées ont été réalisées, avec des économies d'environ 265 millions de dollars ayant été utilisées pour répondre à d'autres « pressions financières », a fait valoir le porte-parole du ministère Daniel Le Bouthillier. Cela inclut l'achat de plus de pièces de rechange pour les véhicules militaires et l'investissement dans les centres de formation.

M. Le Bouthillier a affirmé par courriel que la Défense nationale se faisait une « grande fierté » de gérer de manière responsable les fonds publics, et que le travail se poursuivrait vers l'atteinte des objectifs.

Le fait est que le ministère ne respectera pas sa cible de départ, et qu'il aura besoin d'au moins 18 mois additionnels pour atteindre la dernière portion de son nouvel objectif de 700 millions en économies. Toutefois, même ce scénario pourrait être trop optimiste, alors que des documents internes montrent que les responsables planchent sur des économies dans un certain nombre de secteurs qui n'en ont produit aucune jusqu'à maintenant.

Le ministre de la Défense, Harjit Sajjan, a affirmé qu'il revenait à tous les ministères, particulièrement la Défense nationale, qui reçoit environ 20 milliards de dollars par année, de s'assurer que l'argent des contribuables est dépensé intelligemment.

« C'est ce à quoi s'attendent les Canadiens », a-t-il affirmé en entrevue à La Presse canadienne.

Mais M. Sajjan a aussi dit qu'il ne contraindrait pas le ministère à des actions qui nuiraient à la capacité de l'armée d'accomplir son travail.

« Je veux voir [les responsables] poursuivre les efforts, et ils le font. Mais je ne vais pas commencer à retirer des moyens qui vont enlever des capacités à nos soldats », a dit le ministre.

Les objectifs initiaux du ministère pourraient avoir été trop ambitieux, mais les efforts pour réduire le gaspillage et trouver des économies ont été inégaux au sein du ministère et de l'armée, a soutenu l'analyste David Perry, de l'Institut canadien des affaires mondiales.

« Si vous détaillez ces économies, elles sont d'une certaine façon inégalement distribuées. Certains secteurs du ministère ont pris [ces efforts] au sérieux, et d'autres, non », a-t-il fait valoir.

Le fait est que réduire le gaspillage demeure important, a dit M. Perry, étant donné que certaines portions de l'armée manquent encore de ressources et que les indices montrent de plus en plus qu'Ottawa ne prévoit pas augmenter de manière considérable les dépenses en défense dans le budget qui sera déposé le 22 mars.