Erin O'Toole dit être le chef « modéré » dont le Parti conservateur a besoin.

Il a voté pour l'accord constitutionnel de Charlottetown lors du référendum de 1992. Il défend l'existence et l'utilité de Radio-Canada/CBC, notamment dans les milieux minoritaires, même si une bonne partie de ses collègues préconisent la fin des subventions à la société d'État. Et il se décrit comme un conservateur modéré qui s'inspire de la tradition progressiste des Brian Mulroney et Jean Charest.

Le député Erin O'Toole, qui représente la circonscription ontarienne de Durham à la Chambre des communes depuis 2012 et qui a été ministre des Anciens Combattants dans le gouvernement de Stephen Harper, estime que le Parti conservateur doit se doter d'un chef « modéré » s'il veut reprendre le pouvoir des mains des libéraux de Justin Trudeau aux élections fédérales prévues en octobre 2019.

« Nous avons besoin d'un chef modéré, avec de l'expérience et avec un point de vue qui se situe au centre du discours politique sur les enjeux sociaux, sur les enjeux économiques, ou encore la sécurité publique. » - Erin O'Toole

« Je suis un modéré pour notre parti et je pense que c'est important pour les prochaines élections », a affirmé M. O'Toole au cours dans une récente entrevue accordée à La Presse.

Cet ancien militaire natif de Montréal, qui s'exprime convenablement dans les deux langues officielles, est l'un des 14 candidats qui briguent la direction du Parti conservateur, course qui connaîtra son dénouement le 27 mai à Toronto.

S'il se décrit comme un modéré, M. O'Toole propose tout de même quelques idées qui sortent des sentiers battus, notamment pour donner un coup de pouce aux jeunes qui ont de la difficulté à se trouver un emploi. À titre d'exemple, il propose d'accorder une exemption personnelle supplémentaire de 100 000 $ aux jeunes de moins de 30 ans qui terminent avec succès des études au collège et à l'université pendant les trois premières années suivant la fin de leurs études.

Dans le cas des jeunes qui détiendraient des compétences très recherchées, l'exemption pourrait atteindre 200 000 $ pendant les cinq premières années suivant leurs études. Cette mesure, selon M. O'Toole, permettrait d'atténuer la pénurie de main-d'oeuvre dans certains domaines, contrer l'exode des cerveaux et éviter de condamner des jeunes à retourner dans le sous-sol de la maison de leurs parents.

« IL FAUT UN PLAN »

« Le ministre des Finances, Bill Morneau, a dit : "Habituez-vous à avoir des emplois précaires pour la prochaine décennie." Ce n'est pas très encourageant pour nos jeunes. Il n'y a pas de plan pour les aider, seulement des selfies. Il faut un plan. Nous avons une génération qui n'a aucune perspective d'emplois devant elle, avec des emplois sous-payés et beaucoup de dettes étudiantes. Les jeunes sont obligés de retourner chez leurs parents. Mon plan, ce n'est donc pas juste pour les jeunes, mais aussi pour leurs parents », a-t-il soutenu.

M. O'Toole, qui se retrouve au deuxième rang pour le nombre d'appuis parmi les députés conservateurs actuels (19), après Andrew Scheer (25), a dit avoir discuté de ce plan avec des dirigeants d'entreprises dans le secteur de la haute technologie à Waterloo, et d'autres acteurs de l'économie à Montréal et à Toronto. « Je pense que c'est un plan innovateur. J'espère que cela va inciter les jeunes à considérer le Parti conservateur en proposant une telle idée. Nous devons garder nos cerveaux aussi, nos jeunes innovateurs, au lieu de les voir quitter le pays pour la Californie », a-t-il dit.

En entrevue, M. O'Toole affirme que les autres candidats qu'il affronte dans cette course « sont [ses] amis ». Mais il ne peut s'empêcher de décocher quelques flèches à l'endroit de l'homme d'affaires Kevin O'Leary, qui s'est lancé dans la course le mois dernier, moins de 24 heures après la tenue du seul débat en français, à Québec. Selon M. O'Toole, Kevin O'Leary « n'est pas un vrai conservateur ». « Il ne comprend pas comment fonctionne notre système parlementaire. Il n'a pas de respect pour nos membres. Et je pense que ce n'est pas une bonne chose d'avoir une célébrité comme chef. Sa candidature m'inquiète », a-t-il dit.

Père de deux jeunes enfants, M. O'Toole fait peu de cas des prédictions des observateurs qui soutiennent que la lutte se fait entre Kevin O'Leary, Maxime Bernier, Kellie Leitch et Andrew Scheer. « Cette course est une guerre sur le terrain. Certains candidats ont peut-être plus d'attention médiatique, mais je vais gagner. J'ai une équipe forte sur le terrain. »