Onze des quatorze candidats à la direction du Parti conservateur du Canada ont participé à un premier débat bilingue, hier soir, à Pointe-Claire. Près de 400 personnes ont assisté au débat qui se tenait dans l'ouest de l'île de Montréal.

Le candidat Maxime Bernier, qui avait été la cible des autres candidats lors du débat francophone de Québec, en janvier, a eu droit à un répit. Certes, il a encaissé quelques pointes, mais la plupart étaient cette fois-ci dirigées à l'endroit du nouveau venu dans la course : Kevin O'Leary.

Un texte écrit en grosses lettres noires entre les mains, il a prononcé son allocution d'ouverture en français.

« Mes amis québécois », a-t-il commencé, avant d'être instantanément interrompu par les applaudissements d'une foule gagnée d'avance. « Le français est important pour moi. Je suis avec mon professeur tous les jours. »

L'homme d'affaires et vedette de la version anglophone de l'émission Dans l'oeil du dragon a déposé sa candidature au lendemain du débat en français de Québec, ce qui lui a valu la critique d'avoir cherché à se défiler.

Hier soir, l'unilingue anglophone s'en est tenu à trois interventions dans la langue de Molière, toutes écrites à l'avance.

« La question que les membres doivent se poser, c'est : ‟Est-ce que lire deux feuilles dans un français approximatif, est-ce que la personne sera prête à affronter un type parfaitement bilingue en débat ?" », a demandé Steven Blaney, candidat à la direction et député de Bellechasse-Les Etchemins-Lévis.

« Je vais lui donner le bénéfice du doute ; au début, il disait que le français ne servait à rien et qu'il ne voulait pas l'apprendre, et là, il a dit qu'il veut l'apprendre. Mais je crois que le chef doit être bilingue dès son élection, c'est-à-dire en mai prochain. » - Maxime Bernier, candidat et député de Beauce

Alors que les candidats se forçaient à répondre à la première question du débat dans les deux langues, le modérateur Beryl Wajsman les a informés qu'ils n'en avaient pas l'obligation. Les échanges qui ont suivi se sont principalement faits en anglais. Outre les deux candidats québécois - MM. Blaney et Bernier -, Rick Peterson et Erin O'Toole ont fait un effort particulier pour s'adresser aux francophones.

« Pour moi, c'est très important. Je suis né à Montréal et je veux améliorer mon français, et ce soir, j'ai essayé de parler dans les deux langues et je vais faire ça comme chef », a expliqué Erin O'Toole après le débat. Le candidat et député de Durham, en Ontario, craint que son adversaire Kevin O'Leary ne prenne pas la question du français au sérieux et a eu l'impression que « son discours sonnait un peu comme une blague ».

ATTAQUES OMNIPRÉSENTES

Les attaques personnelles à l'endroit de l'ancien dragon qui passe le plus clair de son temps à Boston ont été omniprésentes. Dès les premières minutes, O'Toole lui a lancé une pointe.

« La différence entre Kevin O'Leary et moi, c'est que je suis conservateur », a-t-il envoyé en lançant un regard vers le nouveau venu en politique, qui, plus tard durant le débat, a lancé à l'auditoire : « Qui voulez-vous, Justin Trudeau ou moi ? »

Ce à quoi a répondu du tac au tac la candidate Lisa Raitt : « Ni l'un ni l'autre. Ni lui ni Trudeau. » Elle a reproché au candidat de toujours ramener les questions à sa propre personne plutôt que de parler au « nous ».

DÉBAT ÉCLECTIQUE

Une quinzaine de questions tirées de l'auditoire, de Facebook et de Twitter étaient posées à trois candidats à la fois. Les autres disposaient d'un nombre limité d'interventions. Entre les thèmes généraux comme la justice, l'équilibre budgétaire, les valeurs conservatrices, la question de la gestion de l'offre a enflammé le débat, principalement entre les deux candidats québécois. Maxime Bernier a réitéré sa position par rapport à l'abolition de la gestion de l'offre pour le lait, les oeufs et la volaille et a été vivement applaudi lorsqu'il a critiqué la position de M. Blaney, qui est pour le maintien du système.

Le modérateur a également questionné les candidats par rapport au fait qu'aucun député conservateur n'avait été élu dans la grande région de Montréal. La majorité a répondu que le fait de décentraliser les bureaux du parti et d'en ouvrir un à Montréal pourrait être une solution pour se rapprocher de l'électorat.

Des quatorze candidats, onze étaient présents sur scène. Brad Trost et Pierre Lemieux, qui étaient dans la salle, ont manqué le débat à cause d'un problème de communication entre les organisateurs de l'événement et leur équipe respective. Le candidat Deepak Obhrai était dans une autre province pour un événement prévu depuis l'automne.

« J'ai eu un fundraiser avec John Baird planifié pour quelques mois. Désolé de manquer le débat ce soir », a-t-il répondu en français à La Presse.