Le gouvernement du Canada offrira à Haïti un nouveau don de 91,2 millions pour des projets de développement, axés notamment sur la santé et l'éducation des femmes et des jeunes filles.

« On veut mettre beaucoup d'accent sur la santé sexuelle et reproductive des femmes. Il y a eu beaucoup d'investissement par le passé, ça demeure important. On travaille avec nos partenaires pour élargir toute la gamme de services, entre autres la planification familiale, la contraception et l'éducation », a expliqué mercredi la ministre du Développement international, Marie-Claude Bibeau, en entrevue à La Presse canadienne depuis Haïti, où elle a passé les derniers jours.

Mme Bibeau s'était rendue une première fois dans le pays le plus pauvre de l'Amérique en novembre dernier pour constater les ravages causés par l'ouragan Matthew. Le gouvernement canadien avait alors annoncé un investissement de 54 millions sur cinq ans pour répondre aux besoins urgents et à long terme du pays.

Le gouvernement a donc débloqué de nouveaux fonds pour lancer cinq projets de développement, qui serviront en grande partie à renforcer le système de santé qui en a grandement besoin.

« L'investissement du gouvernement haïtien dans son système de santé est nettement insuffisant. C'est pour ça que le Canada investit significativement, c'est vraiment un besoin essentiel », a-t-elle expliqué.

Un accent particulier sera mis sur l'accès à la santé reproductive des femmes et des jeunes filles, qui quittent souvent l'école trop tôt parce qu'elles tombent enceintes lorsqu'elles sont adolescentes, a souligné la ministre.

« Ça les sort de l'école trop jeunes et ça a un impact sur leur capacité économique après », a-t-elle insisté.

Marie-Claude Bibeau compte continuer à souligner l'importance de la santé reproductive des femmes même si les États-Unis ont lancé un message contraire récemment. Le président Donald Trump a signé un décret récemment pour interdire le financement d'organismes non gouvernementaux (ONG) qui soutiennent l'avortement.

« Nos priorités ne vont pas changer en fonction des décisions des autres pays. Nous, nos priorités sont très, très claires », a-t-elle soutenu.

Rencontre avec Jovenel Moïse

Pendant son séjour, la ministre canadienne s'est aussi personnellement entretenue avec le nouveau président haïtien, Jovenel Moïse, et elle s'est dite optimiste qu'il puisse s'attaquer aux problèmes de gouvernance au pays.

« Il a mis beaucoup, beaucoup d'emphase sur l'importance d'améliorer la gouvernance », a-t-elle assuré.

Mme Bibeau, qui dit avoir été la première à avoir un tête-à-tête avec le nouveau président, a rappelé que M. Moïse avait beaucoup insisté sur l'importance de la justice sociale lors de son discours d'investiture, mardi.

« C'est un secteur auquel on croit beaucoup et on veut l'accompagner. Cette justice sociale-là passe aussi par la lutte contre la corruption et par des institutions qui sont dirigées par les personnes qui ont les compétences et qui sont intègres », a-t-elle indiqué.

La ministre canadienne ne ferme pas la porte à offrir de l'aide supplémentaire à Haïti, qui peine encore à se relever du passage de Matthew. Selon le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires, 291,5 millions seraient nécessaires pour répondre aux besoins de quelque 2,4 millions d'Haïtiens vulnérables.

« On attend le budget pour avoir vraiment le montant exact de l'enveloppe d'aide internationale pour la prochaine année », a affirmé Mme Bibeau.