Alors qu'il continue de plancher sur son prochain budget, le ministre des Finances Bill Morneau se rendra à Washington demain pour une visite de deux jours afin de rencontrer des membres de l'administration Trump. Son message sera fort simple : le protectionnisme n'est pas le remède pour assurer la croissance de l'économie.

Cette visite du grand argentier du pays dans la capitale américaine interviendra deux jours après celle du ministre de la Défense, Harjit Sajjan, qui a rencontré lundi son homologue américain, le secrétaire à la Défense James Mattis, au Pentagone. Les deux hommes ont fait le point sur les dossiers importants liés à la défense, notamment la lutte contre le terrorisme, la sécurité du territoire nord-américain et l'engagement des deux pays au sein de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN).

M. Morneau, qui sera le ministre le plus influent du gouvernement Trudeau à se rendre à Washington depuis l'arrivée au pouvoir du président Donald Trump, ne pourra toutefois pas rencontrer le secrétaire au Trésor désigné, Steven Mnuchin, ancien banquier et gestionnaire de fonds, sa nomination n'ayant pas encore été entérinée par un vote de l'ensemble du Sénat américain.

Mais le ministre des Finances entend livrer le même message aux membres de l'administration Trump qu'il rencontrera : les relations commerciales entre le Canada et les États-Unis sont bénéfiques aux deux pays.

«Mon message sera de dire que nous voulons nouer de bonnes relations avec l'administration américaine. Nous voulons protéger les emplois des Canadiens», a affirmé M. Morneau, lundi, en point de presse. «Nous voulons trouver une façon d'augmenter les occasions de travailler ensemble pour créer ces emplois dans notre pays tout en faisant une différence pour eux aussi».

Entretiens téléphoniques

Selon le bureau du premier ministre Justin Trudeau, d'autres ministres ont aussi eu des entretiens téléphoniques avec leurs homologues américains. C'est notamment le cas du ministre des Transports, Marc Garneau, de la ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, du ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale, et du ministre de l'Immigration, Ahmed Hussen.

«Le Canada travaille avec la nouvelle administration des États-Unis pour maintenir nos relations bilatérales solides. Les ministres et les hauts fonctionnaires ont pris contact avec leurs homologues américains par téléphone et en personne. [...] D'autres réunions seront organisées dans les prochains jours avec des hauts responsables américains», a indiqué Andrée-Lyne Hallé, porte-parole du premier ministre, dans un courriel à La Presse.

Des alliés importants

Le gouvernement Trudeau s'est aussi assuré d'avoir des alliés importants pour contrer les velléités protectionnistes de l'administration Trump : la puissante Chambre de commerce des États-Unis.

De passage à Ottawa, lundi, le patron de cette organisation, Tom Donohue, a soutenu que l'abrogation de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) aurait un effet «dévastateur pour les travailleurs, les entreprises et l'économie de nos pays».

Dans un discours qu'il a prononcé devant les membres de la Chambre de commerce du Canada, M. Donohue s'est d'ailleurs dit prêt à livrer une rude bataille pour conserver les acquis de l'ALENA et défendre la justesse d'une telle entente. Rappelons que le président Donald Trump a promis de renégocier cet accord afin d'obtenir des concessions à l'avantage des États-Unis, sans quoi il se dit prêt à le déchirer. Des négociations devraient commencer en mai.

Selon M. Donohue, il est possible d'améliorer l'accord de 23 ans qui régit les échanges commerciaux entre le Canada, le Mexique et les États-Unis, de façon à ce qu'il rehausse la compétitivité de l'Amérique du Nord avec le reste du monde.

M. Donohue, qui a également rencontré lundi le premier ministre Justin Trudeau et certains de ses proches collaborateurs, a affirmé que la priorité de l'ALENA était de «ne pas nuire» à une relation commerciale intégrée déjà solide.

- Avec La Presse Canadienne