La fête est terminée pour le premier ministre Justin Trudeau, qui doit se mettre au travail sérieusement et sans tarder, a réclamé jeudi la chef de l'opposition officielle aux Communes, Rona Ambrose.

Le temps des égoportraits (selfies) et des séances de photographies doit être révolu à Ottawa, car l'année 2017 promet d'être «une des plus difficiles pour le Canada», selon Mme Ambrose, qui préside une rencontre de deux jours des députés conservateurs de tout le pays.

La rencontre des membres du caucus conservateur, qui réunit à Québec jusqu'à vendredi près d'une centaine de députés et une trentaine de sénateurs juste avant la reprise des travaux aux Communes la semaine prochaine, a débuté jeudi matin par une allocution de la chef par intérim du parti.

Elle a mis l'accent sur la croissance économique et la création d'emplois, selon elle deux priorités fort négligées par les libéraux de Justin Trudeau.

«La fête est finie», a dit d'entrée de jeu Mme Ambrose, en interpellant M. Trudeau, invité à se ressaisir, à prendre son travail de premier ministre au sérieux et à tout mettre en oeuvre pour procurer du travail aux Canadiens. Selon elle, à ce chapitre, son bilan est «nul», jusqu'à maintenant.

Or, le Canada doit demeurer compétitif, a-t-elle ajouté, réclamant au premier ministre son plan de match en matière de relations commerciales, au moment où l'équipe de Donald Trump s'installe à la Maison-Blanche.

La compétitivité du Canada par rapport aux États-Unis est présentement menacée par les positions fiscales du président Trump, a renchéri le député conservateur de Louis-Saint-Laurent, Gérard Deltell, en point de presse.

«L'administration américaine s'engage à baisser les impôts, baisser les taxes, baisser les charges pour les entreprises, alors qu'ici au Canada le gouvernement fait exactement le contraire», a déploré le député, qui fait toujours partie des non-alignés dans la présente course au leadership.

Dans son allocution, livrée principalement en anglais, Mme Ambrose, qui ne s'est pas adressée aux journalistes, a également reproché à M. Trudeau son absence fréquente du parlement, particulièrement lors de la période de questions.

Le nouveau chef du Parti conservateur du Canada et successeur de Stephen Harper sera connu le 27 mai. À l'heure actuelle, 14 candidats se font la lutte.

En marge de la rencontre, qui se tient dans un hôtel du centre-ville, plusieurs candidats au leadership ont participé à des mêlées de presse, histoire de faire valoir leurs idées et de se mettre en valeur.

Le député de Beauce, Maxime Bernier, qui compte sur l'appui de six députés et trois sénateurs, cultive son profil économique et s'est dit «très inquiet» de l'impact appréhendé de l'élection de Donald Trump aux États-Unis.

Grâce aux politiques fiscales préconisées par M. Trump, il deviendra «plus attirant pour les investisseurs canadiens d'aller investir aux États-Unis», selon celui qui dit vouloir abolir l'impôt sur les gains de capital et diminuer le taux d'imposition des entreprises.

Un des favoris de la course jusqu'à maintenant, le député Andrew Sheer (qui a reçu le soutien de 23 députés, dont quatre du Québec, et six sénateurs) s'est montré lui aussi préoccupé par une éventuelle perte de compétitivité du Canada, dans le contexte actuel.

Il s'est posé en rassembleur, se disant soucieux de garder les troupes conservatrices unies au lendemain de l'élection du futur chef.

À ce propos, dans son allocution prononcée avant le début du caucus, le chef adjoint du parti, Denis Lebel, avait mis en garde les candidats contre la tentation de s'invectiver pour marquer des points, au cours des quatre prochains mois. Il leur a demandé d'éviter les attaques personnelles, souhaitant qu'ils fassent preuve de «dignité» pour faire en sorte que le caucus demeure plus uni que jamais le 28 mai, une fois le chef choisi.

Le député de Bellechasse-Les-Etchemins-Lévis, Steven Blainey, qui compte sur l'appui d'un sénateur, a dit qu'il se montrait respectueux envers les autres candidats et qu'il continuerait à défendre ses idées «avec toute la vigueur que je peux» jusqu'à la fin de la course.

Une des deux seules femmes candidates, Kelly Leitch, qui éprouve des difficultés à s'exprimer en français, a convenu que le prochain chef devait être bilingue. Elle s'est attelée à l'apprentissage du français il y a exactement un an et y consacre une à deux heures par jour, a-t-elle dit. À ce jour, elle a reçu l'appui de trois députés. Questionnée sur sa position controversée en matière d'immigration, elle a réaffirmé qu'elle jugeait nécessaire de faire passer des entrevues individuelles à tous ceux qui souhaitent s'établir au Canada.

Mme Ambrose rencontrera les médias au terme du caucus vendredi après-midi.