Le premier ministre Justin Trudeau entrouvre la porte à la tenue d'un vote en Chambre avant un déploiement de Casques bleus.

Le gouvernement libéral en est toujours à peaufiner son plan de contribution aux opérations d'appui à la paix des Nations unies.

Une fois que les détails du plan seront établis, «il est entendu que les parlementaires seront impliqués, qu'il y aura des discussions, des débats, et possiblement un vote», a dit M. Trudeau.

Il n'est toutefois pas allé jusqu'à s'engager formellement à faire approuver le tout par les députés de la Chambre des communes.

«Je ne m'engage pas à le faire, mais je ne l'écarte pas non plus», a indiqué le premier ministre lors d'une entrevue de fin d'année avec La Presse canadienne, lundi après-midi.

La tenue d'un vote pourrait dépendre des modalités du plan dont accoucheront les ministres qui y travaillent, a-t-il cependant précisé.

Ainsi, si le cabinet approuvait une série de missions plus modestes, il serait peu souhaitable de surcharger le calendrier des travaux avec autant de votes, a illustré M. Trudeau.

Le premier ministre a tenu à souligner lors de l'entrevue que si le Canada se réengage aux Nations unies, ce n'est «pas seulement parce que c'est une chose gentille à faire sur le plan mondial».

«C'est aussi dans notre intérêt que le climat sécuritaire international soit plus stable, pour que les Canadiens ne soient pas en danger et que le Canada ne soit pas en danger», a-t-il insisté.

Le gouvernement libéral a annoncé en août dernier qu'il pourrait déployer jusqu'à 600 soldats et 150 policiers dans des missions d'appui à la paix.

Depuis ce temps, les partis d'opposition réclament à l'unanimité la tenue d'un vote en Chambre avant tout déploiement de troupes canadiennes à l'étranger.

L'opposition conservatrice, en particulier, mène la charge dans ce dossier, et se réjouit donc du signal d'ouverture qu'a semblé envoyer lundi le premier ministre Trudeau.

«On est bien heureux de ça, parce qu'on a des questions à poser et on veut avoir des réponses avant d'envoyer nos soldats», a convenu le député conservateur Pierre Paul-Hus.

Car la «dangerosité» liée à une éventuelle mission en Afrique, notamment au Mali, impose aux libéraux cette obligation de transparence, a-t-il plaidé.

L'élu conservateur, un ancien militaire, estime pour sa part qu'il n'y a «aucun intérêt» à déployer du personnel canadien dans ce pays d'Afrique de l'Ouest aux prises avec des groupes djihadistes.

«Pour moi, on n'a pas d'affaire là», a-t-il tranché en entrevue téléphonique.

Deux ministres du gouvernement libéral - Harjit Sajjan à la Défense et Marie-Claude Bibeau au Développement international - ont visité le Mali en mission d'exploration ces derniers mois.

Après y avoir fait escale, en septembre dernier, la ministre Bibeau avait affirmé à La Presse canadienne que les besoins en matière d'appui à la paix étaient «évidents» au Mali.

La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) est l'une des plus dangereuses au monde.

Plus de 100 Casques bleus y ont été tués depuis avril 2013.

En plus du Mali, la liste spéculative des pays où le Canada pourrait déployer du personnel comprend la République centrafricaine, la République démocratique du Congo et le Soudan du Sud.

Le ministre Sajjan, qui espérait lever le voile sur les intentions du gouvernement libéral en 2016, a affirmé la semaine dernière que cela ne se ferait finalement pas avant l'an prochain.

«Nous voulons être certains de réussir notre coup. C'est une décision très importante comme pays d'envoyer des troupes à l'étranger», a-t-il exposé.

Le ministre a également justifié ce délai par le «changement de leadership aux Nations unies».