Alors que les premiers ministres des provinces et territoires planchent toute la journée pour mettre la touche finale à la stratégie nationale de lutte contre les effets de serre, la Saskatchewan promet une nouvelle fois de jouer les trouble-fête.

Et la Colombie-Britannique jette un pavé dans la mare, en semblant suggérer que le système de plafonnement et d'échange du Québec n'est pas équivalent à sa taxe carbone.

Comme il avait prévenu, le premier ministre de la Saskatchewan, Brad Wall, est arrivé à la rencontre des premiers ministres du pays à Ottawa en annonçant qu'il n'avait aucune intention de signer une entente pour lutter contre les changements climatiques. Il en a contre le plan de Justin Trudeau de fixer un prix plancher de 10 $ la tonne de CO2 dès 2018, prix qui grimpera de 10 $ chaque année pour atteindre 50 $ en 2022.

La rencontre fédérale-provinciale sur le climat devrait aboutir vendredi sur un document d'une trentaine de pages, qui résumera les actions prises jusqu'à présent pour lutter contre les changements climatiques, tout en proposant quelques nouvelles mesures.

Le premier ministre Wall ne veut pas adhérer à pareil document. Il menace plutôt de traîner le gouvernement fédéral en cour lorsque celui-ci imposera un prix pour le carbone aux provinces qui n'en auront pas déjà fixé un d'elles-mêmes. «Nous ne signerons pas», a-t-il tranché. «Nous allons examiner nos options légales et nous croyons qu'elles sont bonnes», a-t-il menacé.

Il reproche à Ottawa de ne pas avoir évalué l'impact économique d'un prix sur le carbone. Il pointe vers l'élection de Donald Trump, de son choix d'un climatosceptique à la tête de l'Agence de protection de l'environnement des États-Unis, et y trouve une raison de ralentir la cadence au Canada.

«Les efforts d'énergie propre de l'administration Obama, à travers l'agence, c'est fini», a-t-il prédit. «Qu'allons-nous faire pour être compétitifs?», s'est-il exclamé, espérant qu'il convaincra M. Trudeau de ne pas «se précipiter».

Son homologue britano-colombienne Christie Clark a semblé pour sa part douter de la décision d'Ottawa de rester flexible dans le dossier du prix sur le carbone, en permettant aux provinces d'adopter un marché du carbone plutôt qu'une taxe, comme celle de 30 $ actuellement en vigueur en Colombie-Britannique.

«En ce moment, c'est structuré de façon à ce que dans l'Ouest, les provinces qui produisent de l'énergie, les citoyens pourraient payer le double qu'en Ontario et au Québec», a-t-elle avancé.

«Vous ne pouvez pas avoir une taxe nationale sur le carbone où les gens de l'Ouest, qui produisent de l'énergie, paient le double des gens du centre du Canada, en termes de taxe sur le carbone additionnelle», a-t-elle insisté.

«Mais je pense que nous pouvons trouver une solution. Nous avons besoin de le faire. C'est juste que c'est la question d'équité entre les provinces qui est le problème», a-t-elle conclu.

Le Québec a son système de plafonnement et d'échange, qu'il partage avec la Californie, et auquel se joindra prochainement l'Ontario. Le gouvernement établit un plafond annuel d'émissions de GES, qui diminue chaque année, et les entreprises doivent se procurer des droits d'émission.

C'est la troisième fois que M. Trudeau rencontrera ses homologues des provinces et territoires depuis que son gouvernement a été élu à Ottawa. Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, n'arrivera cette fois qu'en fin de journée à la réunion. Il doit y prendre part, par téléphone, avant d'y être en personne.