La lutte aux changements climatiques ne fait pas l'unanimité, au Canada comme aux États-Unis. Alors que la Saskatchewan a annoncé qu'elle ne signerait pas l'entente sur le climat qui doit être entérinée aujourd'hui par la majorité des provinces, le vice-président américain Joe Biden a appelé le Canada à être optimiste et voir au-delà des futures politiques de l'administration Trump.

«La réalité change parfois la donne. Peu importe les choix de politiques du prochain président, je suis sûr que les États-Unis vont continuer de faire des progrès pour un avenir [plus vert]», a dit le vice-président Joe Biden, qui s'adressait aux premiers ministres provinciaux et les dirigeants autochtones du pays réunis à Ottawa aujourd'hui afin de discuter d'environnement et de s'entendre sur un plan canadien de lutte aux changements climatiques. En vertu de ce plan, Ottawa imposera une taxe sur le carbone dès 2018.

«L'engagement envers les actions sur les changements climatiques, incluant pour le plus grand émetteur de la planète, la Chine, qui s'est engagée à mettre en place un système de marché de droits l'an prochain Le plan canadien sur le climat est une occasion de travailler entre nous, mais aussi avec des entreprises du secteur privé qui veulent faire partie de la solution», a dit le premier ministre canadien Justin Trudeau ce matin.

Le premier ministre de la Saskatchewan Brad Wall reproche notamment au gouvernement Trudeau de ne pas avoir mesuré l'impact économique d'une taxe sur le carbone. «En Saskatchewan, si on doit déplacer une maison et que ça affecte deux grenouilles, nous faisons une étude d'impact environnemental et c'est probablement la bonne chose à faire. Nous allons rencontrer le premier ministre [aujourd'hui] pour considérer le plus important changement sur comment nous imposons les Canadiens depuis la Deuxième Guerre mondiale, sans avoir le bénéfice d'une étude d'impact économique. Le gouvernement fédéral n'a pas fait une étude sur ce qu'une taxe sur le carbone fera pour ce pays», a indiqué le premier ministre Wall ce matin en marge de la conférence des premiers ministres à Ottawa.

Les provinces comme le Québec pourront continuer d'utiliser leur régime de bourse du carbone à condition de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre selon les cibles canadiennes. Outre la Saskatchewan, deux autres provinces s'opposaient à la décision d'Ottawa cet automne: la Nouvelle-Écosse et Terre-Neuve. «Nous faisons concurrence aux Américains pour trouver des puits de pétrole, nos agriculteurs font concurrence aux leurs. La compétitivité des Canadiens est importante, surtout à un moment où notre secteur énergétique doit faire plus aux prix des ressources», fait valoir le premier ministre de la Saskatchewan Brad Wall.

Soyez optimistes, dit Biden

Le premier ministre Justin Trudeau a invité le vice-président américain Joe Biden, en visite officielle au Canada cette semaine, à «donner le ton» à cette conférence des premiers ministres et des dirigeants autochtones sur l'environnement.

«L'une des choses dont le président Obama et moi sommes les plus fiers est d'avoir réfuté le mythe que nous ne pouvons pas faire croître notre économie et réduire nos émissions en même temps, a dit le vice-président Biden. C'est un faux choix, nous pouvons faire les deux, nous avons fait les deux, et franchement, la croissance viendra des énergies renouvelables. Comme je le disais au premier ministre [Trudeau], il n'y pas de raison que l'Amérique du Nord ne puisse pas être le plus grand exportateur de technologies [vertes].»

Le vice-président Biden a demandé aux Canadiens d'être optimistes et de voir à long terme en matière de lutte aux changements climatiques. «Je comprends que plusieurs d'entre vous sont préoccupés de ce que la nouvelle administration [Trump] va faire, dit-il. Je suis ici pour vous dire que je parle pour la nouvelle administration... non, c'est une blague! Sérieusement, la nouvelle administration, qu'est-ce que ça voudra dire pour le leadership américain sur les changements climatiques? Évidemment, je ne peux pas parler au nom de la nouvelle administration, mais je vois à long terme. Premièrement, personne d'entre nous [en politique] ne devrait faire ce métier si vous n'êtes pas un optimiste. La réalité change parfois la donne. Peu importe les choix de politiques du prochain président, je suis sûr que les États-Unis vont continuer de faire des progrès pour un avenir [plus vert]. Plusieurs des tendances ont pris racine et ne sont pas dépendantes des initiatives gouvernementales. Elles sont dirigées par les marchés et le bon sens.»

Le vice-président Biden a rappelé le rôle essentiel des gouvernements régionaux (provinces, États, villes, communautés) ainsi que du secteur privé dans la lutte aux changements climatiques. «Les entreprises comprennent que c'est dans leur intérêt d'aller dans cette direction, a-t-il dit. La semaine dernière, Google a annoncé son objectif de n'avoir que des énergies renouvelables à partir de l'an prochain. Si Google avait fait cette annonce il y a neuf ans, les gens se seraient demandé ce qu'ils font sur l'heure du lunch chez Google. Mais la vérité, c'est que c'est la réalité. Nous n'avons rien fait, ils ont identifié cet enjeu et ils ont pris une décision d'affaires intelligente.»