La ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly, espère accoucher d'un plan d'action qui fera progresser le taux de bilinguisme en perte de vitesse au pays ces dernières années.

«Ça me semble évident qu'on peut faire mieux», a-t-elle déclaré jeudi à l'issue d'un discours livré devant des représentants de groupes de promotion du bilinguisme et de défense des communautés linguistiques en situation minoritaire.

«C'est notre objectif, dans le contexte du 150e anniversaire (de la Confédération), de réaffirmer l'importance du bilinguisme et des deux langues officielles», a enchaîné Mme Joly.

La ministre n'a pas voulu préciser si elle comptait fixer une cible précise dans le plan d'action pluriannuel sur lequel elle planchera.

Entre 2001 et 2011, le taux de bilinguisme au sein de la population canadienne est passé de 17,7 à 17,5 %, selon les données du dernier recensement.

Le Québec a été la seule province à enregistrer une hausse au cours de la même période, grimpant de 40,8 à 42,6 %. Ailleurs au pays, le taux a chuté de 10,3 à 9,7 %.

Dans son allocution, Mélanie Joly a souligné que des préoccupations sur le taux de bilinguisme ont été soulevées au fil des consultations menées entre les mois de juin et novembre.

Le plan du gouvernement libéral s'attaquera à cet enjeu en même temps qu'à celui de la vitalité linguistique, car ceux-ci vont de pair, selon la ministre.

«En augmentant le nombre de Canadiens bilingues, on peut mieux servir, et même agrandir, nos communautés de langues officielles - par exemple avec les francophiles et les francocurieux», a-t-elle soutenu.

Le député bloquiste Mario Beaulieu, qui assistait au discours, a critiqué la démarche entreprise par le gouvernement fédéral, qu'il accuse de s'être adonné à une «tournée de promotion du bilinguisme institutionnel» - un concept auquel il n'adhère aucunement.

«Partout au monde, les systèmes qui sont basés là-dessus, ça aboutit toujours à l'assimilation des langues minoritaires, et c'est ce qu'on voit au Canada», a plaidé celui qui a fondé le Mouvement Montréal français avant de faire le saut en politique active.

Le Bloc québécois compte de son côté lancer une «consultation de promotion du français langue commune» ainsi qu'une consultation «en-dehors du Québec» pour discuter d'une approche plus «territoriale», a indiqué M. Beaulieu.

«Ça prend une politique asymétrique, pas une politique de mur à mur partout au Canada», a-t-il tranché.

Le discours livré jeudi par Mélanie Joly marquait la fin du volet public des consultations sur les langues officielles. Le ministère du Patrimoine canadien doit maintenant élaborer un plan d'action qui entrera en vigueur dès 2018.

Ce plan sera-t-il accompagné d'une enveloppe plus généreuse que le précédent, qui avait été élaboré et mis en oeuvre sous l'ancien gouvernement conservateur? La ministre n'a pas voulu ouvrir son jeu.

Elle a cependant fait valoir que «clairement, depuis 10 ans, il n'y a pas eu de leadership en matière de langues officielles» et déploré du même souffle que «l'ancien gouvernement, de par ses coupes drastiques, a isolé le dossier des langues officielles à Patrimoine Canada».

«Notre volonté, c'est de ramener une approche pangouvernementale pour que tous les ministres soient impliqués dans l'appui aux communautés linguistiques et au bilinguisme institutionnel», a insisté Mme Joly.