Le premier ministre du Canada Justin Trudeau était vivement critiqué samedi pour avoir couvert de louanges le père de la Révolution cubaine Fidel Castro, disparu à l'âge de 90 ans.

«Je n'arrive pas à croire que notre premier ministre exprime une «profonde tristesse» et considère comme un «ami» un dictateur méprisable qui a tué et emprisonné des milliers d'innocents et exilé plus d'un million de personnes», a écrit sur Facebook le député conservateur Maxime Bernier.

L'élu a dénoncé aussi des «politiques communistes absurdes» du «Lider Maximo» qui «a brimé la liberté d'expression, a persécuté les homosexuels alors qu'il amassait une fortune et vivait dans le luxe comme tous les dictateurs qui exploitent leur peuple».

«C'est révoltant», a-t-il conclu.

Auparavant, le premier ministre libéral Trudeau avait qualifié Fidel Castro de «leader remarquable» et de «révolutionnaire et orateur légendaire», même s'il était une «figure controversée».

La députée conservatrice Kellie Leitch, qui comme Maxime Bernier, est candidate à la direction du Parti conservateur du Canada (PCC) pour succéder à Stephen Harper, a dénoncé des louanges formulées «comme si le premier ministre lisait un livre de conte de fées».

Mme Leitch a dénoncé un «régime castriste (...) brutal, répressif et meurtrier». Et «notre premier ministre a plutôt choisi d'honorer l'homme qui a privé son peuple de ses droits fondamentaux pendant des décennies», a-t-elle condamné sur Facebook.

Les propos de Justin Trudeau ont aussi fait réagir aux États-Unis.

Née à La Havane, l'élue américaine républicaine de Floride Ileana Ros-Lehtinen a comparé l'hommage de Justin Trudeau à «une lettre d'amour écoeurante».

«Vous n'avez pas perdu un être cher dans un peloton d'exécution. (...) Vous ne pouviez pas voter aux élections cubaines parce qu'il n'y a pas de partis politiques à Cuba. Le droit de manifester y est interdit. Il n'y a pas de liberté de presse. Aucune des libertés dont vous jouissez au Canada ou aux États-Unis n'existent à Cuba», a-t-elle réagi sur CNN.

Justin Trudeau était en visite à Cuba il y a tout juste dix jours mais n'avait pas été reçu par Fidel Castro malgré la profonde amitié entre son père, Pierre Elliott Trudeau et le père de la Révolution cubaine.

Il y a quarante ans, en pleine Guerre froide et contre l'avis de Washington, M. Trudeau, alors premier ministre canadien, avait été le premier dirigeant d'un pays de l'OTAN à se rendre à Cuba.