Le chef néo-démocrate, Thomas Mulcair, demande aux ministres de la Sécurité publique, Ralph Goodale, et de la Justice, Jody Wilson-Raybould, de rendre des comptes devant le Comité permanent de la sécurité publique sur la surveillance des citoyens et des journalistes.

De passage à Montréal, mercredi, M. Mulcair a exigé que les deux ministres s'expliquent sur la tentative du ministère de la Justice d'empêcher que ne soit rendue publique l'information voulant que le Service canadien de renseignement de sécurité (SCRS) ait illégalement recueilli et conservé des données personnelles de citoyens canadiens pendant une décennie.

«Comment se fait-il que le ministère de la Justice se soit battu en Cour très récemment à Ottawa pour empêcher qu'on dise la vérité aux Canadiens sur le fait que le SCRS a maintenu et gardé pendant des années, complètement illégalement, un ensemble de renseignements sur des particuliers au Canada, sur des citoyens canadiens?», a demandé M. Mulcair.

Cette activité a récemment été jugée illégale par le juge Simon Noël de la Cour fédérale.

Lors d'un point de presse devant l'édifice du quotidien La Presse, dont les journalistes Joël-Denis Bellavance et Gilles Toupin ont été illégalement surveillés par la GRC en 2007, M. Mulcair a également demandé au ministre Goodale de préciser devant le comité la nature des activités des services policiers fédéraux visant des journalistes.

«Ralph Goodale fait des pirouettes à n'en plus finir chaque fois qu'on lui pose des questions, disant «ce n'est pas le même genre de chose qu'on fait.» Alors ça laisse entière la question: si ce n'est pas exactement le même genre de chose que vous faites au fédéral pour espionner les journalistes, c'est quoi que vous faites?» a lancé le chef néo-démocrate.

Thomas Mulcair a rappelé que le NPD réclame lui aussi une législation afin de protéger la liberté de presse et la confidentialité des sources journalistiques: «Le gouvernement du Canada, de toute évidence, n'est pas en train de protéger suffisamment la capacité des journalistes de faire leur travail correctement.»

«Protéger les sources des journalistes participe à la défense de notre démocratie. On parle de droits fondamentaux; liberté de presse, liberté d'association, liberté d'expression et des choses qui doivent être défendues», a-t-il fait valoir.

Il en a profité au passage pour reprocher au gouvernement Trudeau de ne pas avoir rempli sa promesse de revoir la loi C-51, qui permet au gouvernement «d'espionner des Canadiens ordinaires dans leur vie quotidienne» par le biais de leurs métadonnées.

«Le récent jugement du juge Noël dit clairement que c'est illégal, ce stockage de métadonnées par le gouvernement fédéral, par le SCRS et, encore une fois, très peu de réactions du gouvernement Trudeau», a-t-il déploré.