Le député conservateur Maxime Bernier affûte ses armes en prévision du premier débat entre les candidats à la direction du parti qui aura lieu mercredi soir à Saskatoon, accusant d'hypocrisie ceux qui défendent le libre-échange tout en disant vouloir protéger la gestion de l'offre pour le lait, les oeufs et la volaille.

Dans un courriel envoyé récemment à des militants conservateurs, M. Bernier a réitéré sa promesse de mettre fin à ces «cartels qui réduisent la concurrence sur le marché» et qui pénalisent, selon lui, les familles les moins nanties.

De la douzaine de candidats qui briguent la direction du Parti conservateur, M. Bernier est le seul à avoir promis de mettre fin à la gestion de l'offre s'il remporte la victoire et si cette politique est avalisée par les membres du parti durant un congrès national avant les prochaines élections fédérales, prévues en octobre 2019.

Le gouvernement conservateur de Stephen Harper, dont faisait partie M. Bernier en tant que ministre d'État aux petites entreprises, avait défendu bec et ongles la gestion de l'offre durant toutes ses années au pouvoir, en particulier durant les négociations visant à conclure un traité de libre-échange avec l'Union européenne.

Durant la dernière campagne électorale, les conservateurs avaient réitéré leur intention de protéger la gestion de l'offre. M. Bernier a indiqué, au moment où il a expliqué sa promesse d'abolir ce régime, qu'il avait appuyé la gestion de l'offre dans le passé afin de respecter la solidarité ministérielle. Maintenant qu'il n'est plus lié par cette obligation, il soutient que la gestion de l'offre n'est pas dans l'intérêt des familles canadiennes.

«Les Canadiens paient le double de la valeur marchande pour le lait, le poulet et les oeufs. Le contrôle des prix et nos marchés fermés en sont responsables et les politiciens ne font rien pour changer la situation. Cela coûte plus de 2,6 milliards $ par année aux familles canadiennes. Cela représente de 300 à 600 $ par année que les familles canadiennes paient en trop pour se nourrir. Cela nuit encore plus aux pauvres», soutient M. Bernier dans son courriel visant à obtenir des dons des militants conservateurs.

«Les politiciens vous diront qu'ils sont d'accord avec le libre marché dans le domaine du boeuf, du porc et du grain. Et les mêmes politiciens vous diront qu'ils croient qu'on devrait avoir des marchés fermés pour le lait, le poulet et les oeufs. Ils n'ont aucun problème à ce que les cartels fixent les prix et prennent la clientèle en otage. Ils font passer l'intérêt des lobbys et des cartels avant celui des familles canadiennes. Je ferai passer les familles canadiennes en premier», ajoute-t-il.

Fait à noter, le co-président de la campagne au leadership de Maxime Bernier, le député conservateur Jacques Gourde, défend vigoureusement le système de gestion de l'offre. Il a promis de tout mettre en oeuvre, si M. Bernier remporte la course, pour convaincre les militants conservateurs de maintenir la politique actuelle du parti, favorable à ce système.

En tout, une douzaine de candidats doivent participer au premier débat de cette longue course au leadership qui connaîtra son dénouement en mai 2017. Outre Maxime Bernier, les autres candidats sont les députés Steven Blaney, Lisa Raitt, Kellie Leitch, Michael Chong, Erin O'Toole, Deepak Obhrai, Andrew Scheer et Brad Trost.

Les anciens députés Chris Alexander et Andrew Saxton sont également de la course. L'homme d'affaires de Vancouver Rick Peterson et le médecin de Winnipeg Dan Lindsay comptent aussi briguer la direction, tout comme la consultante en communications de Toronto Adrienne Snow. D'aucuns s'attendent à ce que certains de ces candidats abandonnent la course avant le vote des militants.