Le premier ministre Justin Trudeau promet que son gouvernement « va faire ce qui est nécessaire » pour défendre la liberté de la presse, a-t-il indiqué ce matin en rapport avec l'affaire Patrick Lagacé, dont le téléphone portable a été surveillé pendant six mois par le Service de police de la Ville de Montréal.

« La préoccupation que nous avons tous par rapport à la protection de la liberté d'expression, la liberté de la presse, est soulignée par ce qui vient juste de se passer. On va regarder attentivement les conversations qui vont avoir lieu entre l'hôtel de ville de Montréal et les Services de police de Montréal, mais certainement, comme on a dit plusieurs fois, ce gouvernement est à la défense de la liberté de la presse et on va faire ce qui est nécessaire pour l'encadrer s'il y a d'autres étapes nécessaires », a dit le premier ministre Trudeau à l'entrée du caucus libéral à la Chambre des communes. 

Le gouvernement Trudeau a annoncé mardi entreprendre un « examen » de la directive ministérielle de 2003 demandant aux forces policières de porter une « attention spéciale » au statut des médias dans le cadre d'enquêtes sur la sécurité nationale. Le cabinet du ministre Goodale n'était pas en mesure d'indiquer si cet « examen » comprendrait des consultations publiques. 

À la suite de l'affaire Patrick Lagacé, le Bloc québécois a l'intention de déposer un projet de loi privé sur la protection des sources journalistiques. Ce projet de loi reprend de façon quasi identique le projet de loi C-426 présenté par l'ex-député bloquiste Serge Ménard en 2007 et mort au feuilleton en raison des élections en 2008. Le sénateur indépendant André Pratte, qui a été journaliste (notamment à La Presse) avant d'être nommé au Sénat au printemps dernier, se dit prêt à déposer un projet de loi privé si le gouvernement n'a pas l'intention de revoir les lois en vigueur. Le Nouveau Parti démocratique demande une enquête publique sur la question, tandis que les conservateurs veulent que le ministre Goodale fasse un examen de la situation et fasse s'expliquer en comité parlementaire.

Le ministre Goodale n'a pas voulu indiquer mardi, en réponse à une question du chef néo-démocrate Thomas Mulcair à la Chambre des communes, si la Gendarmerie royale du Canada (GRC) ou le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) espionnent actuellement des journalistes. Le commissaire de la GRC Bob Paulson a indiqué mardi « ne pas être au courant que nous avons des enquêtes actives ou de la surveillance à l'égard de journalistes ». Le cabinet du ministre Goodale estime qu'il « n'est pas convenable que le ministre formule des commentaires sur les enquêtes en cours ».

La GRC est actuellement devant les tribunaux afin d'obtenir du matériel journalistique d'un journaliste de VICE au sujet d'un présumé terroriste. En 2007 et en 2008, la GRC avait aussi autorisé la filature du journaliste de La Presse Joël-Denis Bellavance. « C'était un cas clair où les règles en vigueur n'ont pas été suivies [par la GRC] », disait le ministre Goodale en entrevue plus tôt cette semaine.