Le Canada presse la communauté internationale à en faire davantage pour prévenir un drame humain en Irak, alors que les combats se poursuivent depuis lundi pour le contrôle de Mossoul.

Les forces irakiennes et kurdes ont lancé une offensive cette semaine pour reprendre la deuxième ville du pays, actuellement aux mains de Daech (groupe armé État islamique). La «bataille de Mossoul» était prévue depuis des mois et est considérée comme un moment décisif dans la lutte contre les islamistes radicaux.

En prévision de cette importante opération, les groupes d'aide humanitaire et les Nations unies avaient lancé en juillet dernier un appel pour recueillir 284 millions $ afin de pouvoir réagir rapidement à l'éventuel afflux de migrants au moment de l'assaut sur Mossoul. Les organisations humanitaires se souvenaient trop bien de ce qui s'était passé plus tôt cette année à Falloujah, alors que des dizaines de milliers de résidants avaient fui massivement la ville afin d'échapper aux combats. L'action humanitaire avait alors été soudainement débordée.

Or, moins de la moitié de l'objectif fixé en juillet pour venir en aide à Mossoul a été atteint aujourd'hui, déplore l'ONU. Les organismes humanitaires ne pourraient donc venir en aide qu'à une partie des 1,2 million de personnes qui se trouveraient toujours actuellement dans cette ville.

Selon l'ONU, le Canada est le cinquième plus important pays donateur pour l'aide humanitaire en Irak - après les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Allemagne et la Commission européenne. La ministre canadienne du Développement international, Marie-Claude Bibeau, indique que la contribution du Canada ira à des organismes comme la Croix-Rouge et Oxfam. Elle a cependant pressé la communauté internationale à en faire beaucoup plus afin de prévenir une tragédie en Irak.

«Des civils assiégés risquent de souffrir de la faim, d'une pénurie de soins médicaux et de violations des droits de la personne», a-t-elle soutenu vendredi. «Il en va de la responsabilité de tous les pays, et tous les donateurs doivent réagir à ce qui est en train de se produire à Mossoul.»

Les travailleurs humanitaires sur le terrain n'ont pas encore assisté à un exode important depuis lundi - les combats se sont concentrés jusqu'ici dans des villages plutôt abandonnés autour de Mossoul. Mais «le pire est à venir», a dit Andres Gonzalez Rodriguez, directeur d'Oxfam pour l'Irak, lors d'une entrevue téléphonique depuis Erbil, au Kurdistan irakien.

L'ONU se dit prête à venir en aide immédiatement à 60 000 personnes dans 27 camps de réfugiés et installations d'urgence autour de Mossoul, mais elle estime que 200 000 résidants pourraient fuir la ville au cours des deux premières semaines de combats. Le gouvernement irakien a promis d'aménager des couloirs humanitaires pour les résidants de Mossoul qui voudront fuir les combats. Des mécanismes ont par ailleurs été prévus pour éviter que des civils soient la cible de représailles de milices progouvernementales, comme ce fut le cas à Falloujah.

Les organismes humanitaires ont aussi demandé aux forces gouvernementales de tenter d'épargner les réseaux d'électricité et d'aqueduc ainsi que d'autres infrastructures. Par ailleurs, on craint que les combattants de Daesh empêchent les civils de quitter la ville afin de servir de boucliers humains.

Les Nations unies rappellent d'autre part que les besoins en aide humanitaire sont aussi criants ailleurs en Irak. «En fonction de l'ampleur et de la durée de l'opération à Mossoul, jusqu'à 12 ou 13 millions d'Irakiens auront besoin d'aide humanitaire d'ici la fin de l'année», a estimé l'ONU cette semaine.