Les députés des Communes ratifieront mercredi l'Accord de Paris, mais le document visant à limiter le réchauffement planétaire n'aura pas l'appui de l'opposition officielle.

Même s'ils approuvent les principes de l'Accord, les conservateurs se préparent à voter contre.

Les troupes conservatrices ont présenté un amendement qui demande au gouvernement fédéral de respecter les compétences des provinces et de ne pas leur imposer une taxe supplémentaire.

Il s'agit là de leur réplique à l'annonce du premier ministre Justin Trudeau d'imposer dès 2018 un prix plancher sur le carbone de 10 $ la tonne.

Le porte-parole conservateur en matière d'environnement, Ed Fast, a signalé que si son amendement était rejeté, sa formation politique allait voter contre l'Accord, en bloc. Et au bureau de la leader parlementaire du gouvernement, Bardish Chagger, on a confirmé que l'amendement conservateur allait être rejeté.

Le député conservateur Gérard Deltell justifie le point de vue conservateur en insistant sur le fait que le fédéral doit laisser plus de marge de manoeuvre aux provinces.

«Nous sommes pour l'Accord de Paris. Est-ce que je peux être plus clair que ça? Nous ne sommes pas en faveur de l'imposition d'une nouvelle taxe et ça doit se faire avec la conjonction et le travail coordonné des provinces», a-t-il tranché.

Le ministre des Affaires étrangères, Stéphane Dion, n'a pas semblé impressionné par la prise de position conservatrice. «Tant pis pour eux! Le monde entier se mobilise pour lutter contre les changements climatiques et on le fera sans les conservateurs canadiens. Ça fait dix ans qu'ils nous bloquent, de toute façon», a-t-il lancé.

«Je suis vraiment déçue que les conservateurs fassent de la petite politique avec l'Accord de Paris et la Déclaration de Vancouver», a renchéri la ministre de l'Environnement, Catherine McKenna.

Les signataires de l'Accord de Paris se sont engagés à limiter le réchauffement de la planète bien en deçà de 2 degrés Celsius par rapport à l'ère préindustrielle, et à poursuivre leurs efforts pour le contenir sous 1,5 degré Celsius. Le Parlement européen a approuvé sa ratification cette semaine.

Compte tenu de l'importance de l'enjeu, les néo-démocrates affirment qu'ils voteront en faveur de l'Accord, même si les libéraux ont déjà signalé qu'ils n'accepteront pas un amendement du NPD qui porte notamment sur l'inclusion des Premières Nations dans le processus.

Aux yeux du chef néo-démocrate Thomas Mulcair, les conservateurs ont tort de rendre conditionnel leur appui à un document à ce point important.

«Les conservateurs se placent du mauvais côté de l'histoire en votant contre l'Accord de Paris, qui est notre dernier espoir pour venir à terme de ce réel problème qui est une crise potentielle pour l'humanité», a-t-il expliqué.

M. Mulcair demande désormais plus d'action de la part des libéraux sur le front climatique, ainsi que des cibles de réduction des gaz à effet de serre (GES) plus ambitieuses, une position qu'il partage avec le chef bloquiste Rhéal Fortin.

«On n'arrête pas de signer des accords internationaux pour la protection de l'environnement, mais on ne met jamais rien en oeuvre. Alors là, on veut avoir quelque chose de concret», a insisté M. Fortin.