Sécurité oblige, recevoir le président américain n'est jamais une mince affaire. Assurer la sécurité du président américain Barack Obama et de son homologue mexicain Enrique Peña Nieto lors du Sommet des leaders nord-américains à Ottawa en juin dernier a coûté au moins 13 millions, estime la Gendarmerie royale du Canada (GRC) selon des documents obtenus par La Presse.

En guise de comparaison, les mesures de sécurité entourant la première visite du président Obama à Ottawa le 19 février 2009 avaient coûté environ 4 millions aux forces policières canadiennes, soit 3 millions au Service de police d'Ottawa et 1 million à la GRC.

Quatre raisons expliquant la hausse des coûts

Selon l'ex-cadre du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) Michel Juneau-Katsuya, quatre facteurs expliquent principalement la hausse des dépenses de sécurité entre les deux visites du président Obama.

En premier lieu, la délégation américaine. Le président Obama était seul en 2009, alors qu'il était accompagné du secrétaire d'État John Kerry et de la secrétaire au Commerce Perry Pritzker en 2016. Deuxièmement, le nombre de lieux à sécuriser (le sommet de 2016 avait lieu au Musée des beaux-arts et le discours du président Obama au parlement). Ensuite, la durée du séjour au pays: 9h30 min en 2016, et 8h en 2009. Enfin, la menace d'un attentat terroriste était aussi plus grande en 2016 après les attentats en France et en Belgique, notamment.

«La sécurité est clairement resserrée, il y a une plus grande préoccupation», dit M. Juneau-Katsuya, qui est également PDG du Groupe NorthGate, une agence de sécurité.

Forces spéciales

La GRC n'était pas seule à assurer la sécurité des dirigeants étrangers lors du sommet des «trois amigos», le 29 juin dernier à Ottawa. Selon les documents obtenus par La Presse en vertu de la Loi sur l'accès à l'information, la GRC a demandé la présence de l'unité d'intervention des Forces d'opérations spéciales de la Défense nationale en cas d'événements chimiques, biologiques, radiologiques ou nucléaires.

19,1 millions

Dans un document produit dans le cadre de la préparation du sommet et obtenu par La Presse en vertu de la Loi sur l'accès à l'information, la GRC estime à 13 millions les coûts supplémentaires de sécurité engendrés par le corps policier. Les salaires représentent environ 3,6 millions, les dépenses d'opération, 6,6 millions et la prévision pour contingence, 2,9 millions. À cette somme, il faut ajouter des dépenses de 6,08 millions qui auraient été engendrées par la GRC de toute façon dans le cadre de ses activités habituelles, ce qui donne un total de 19,1 millions.

Financement supplémentaire de 8,4 millions

Sur la somme supplémentaire de 13 millions, la GRC a proposé d'absorber 4,6 millions à même son budget ordinaire et a demandé un financement additionnel de 8,4 millions de dollars. La GRC et le ministère fédéral de la Sécurité publique n'ont pas précisé à La Presse si ces sommes ont été autorisées, ni divulgué le coût total pour assurer la sécurité du premier ministre canadien Justin Trudeau, du président américain Barack Obama et du président mexicain Enrique Peña Nieto lors du Sommet des leaders nord-américains.

La police d'Ottawa n'a pas chiffré non plus le coût des mesures de sécurité. Le 29 juin dernier, le centre-ville d'Ottawa était sous haute surveillance policière pour le sommet puis pour le discours du président Obama devant le Parlement. La circulation était fermée dans une partie du centre-ville.

Combien pour le sommet?

Et les dépenses d'organisation du sommet? Affaires mondiales Canada n'a pas chiffré le coût total pour l'instant. L'organisation de la visite du président Obama en 2009 - sa première visite officielle à l'étranger comme président des États-Unis - avait coûté 571 686 $ au ministère fédéral Affaires mondiales Canada.

Le Ministère n'a pas précisé les dépenses d'organisation du Sommet des leaders nord-américains, mais elles devraient normalement être plus élevées qu'en 2009 car il s'agit d'un sommet international pour lequel il a fallu louer le Musée des beaux-arts du Canada (la rencontre avec le président Obama en 2009 s'était déroulée au parlement).

- Avec la collaboration de William Leclerc, La Presse