Le gouvernement Trudeau rejette les accusations du Parti conservateur voulant qu'il ait laissé tomber les régions du Québec en accordant la responsabilité du développement régional de la province à un ministre élu en Ontario.

Le secrétaire parlementaire du ministre des Finances Bill Morneau, François-Philippe Champagne, a soutenu que des dossiers régionaux importants tels que l'aide financière aux victimes de la pyrrhotite de la région de Trois-Rivières ont déjà été réglés dès le premier budget du gouvernement libéral déposé en mars.

En outre, il a fait valoir qu'il a mené des consultations prébudgétaires dans les régions du Québec comme Matane et Val-d'Or - une démarche sans précédent de la part du gouvernement fédéral afin de bien prendre le pouls de la population des régions.

Enfin, il souligne que les députés libéraux ont décidé de créer un caucus rural afin de coordonner leurs efforts pour mieux défendre les dossiers importants des régions à Ottawa, a-t-il souligné.

« Nous sommes vraiment le parti des régions. Il faut quand même regarder l'arc du temps et voir ce qu'on a fait. La première chose qui me vient en tête, ce sont les consultations prébudgétaires. Nous avons fait une tournée du Québec. Je suis allé à Matane, on a fait des consultations à Trois-Rivières, on est allé à Val-d'Or. Et l'un des gros dossiers qu'on a réglés dès le premier budget, c'est celui de la pyrrhotite. C'est un dossier régional au Québec. C'était quelque chose qui trainait depuis des années », a dit M. Champagne.

L'autre dossier sur lequel le gouvernement planche pour donner un coup de pouce aux régions est celui de la connectivité et l'accès à un service internet de qualité, a-t-il souligné. « Nous avons mis 500 millions de dollars dans la connectivité », a affirmé le secrétaire parlementaire, qui a aussi rappelé que le premier ministre Justin Trudeau a réuni son caucus national à Saguenay, en août, afin de préparer la rentrée parlementaire de l'automne.

M. Champagne a ainsi répondu au chef adjoint du Parti conservateur, Denis Lebel, qui a accusé le gouvernement Trudeau d'avoir tourné le dos aux régions du Québec en confiant au ministre de l'Innovation, des Sciences et du Développement économique, Navdeep Bains, qui est député de Mississauga-Malton, le mandat de s'occuper aussi de l'Agence de développement économique du Canada au Québec.

M. Bains est aussi responsable des agences de développement régional d'autres provinces en plus de celle du Québec. Cette décision de M. Trudeau avait fait sourciller plusieurs élus au Québec à l'époque.

Selon Denis Lebel, qui a été ministre du responsable de l'Agence de développement économique du Québec dans le gouvernement conservateur de Stephen Harper de 2008 à 2015, cette réorganisation des agences de développement économique régional fait en sorte que les régions du Québec n'ont plus de voix à Ottawa.

« Quand j'étais ministre du Développement régional, j'ai visité toutes les régions du Québec à plusieurs reprises. J'ai fait des annonces dans de petits villages, et pas juste dans les grandes villes qui donnent plus de votes. On a pris des décisions pour s'occuper du développement économique des régions du Québec. Ce n'est pas juste une question de petite politique. C'est une question de reconnaitre la spécificité des besoins des régions », a affirmé Denis Lebel dans une entrevue à La Presse.

M. Lebel a proposé vendredi matin de redonner une voix aux régions en créant « une équipe d'intervention » formée de cinq anciens maires de villes du Québec qui ont maintenant une voix à Ottawa : les députés conservateurs Alain Rayes, Luc Berthold, Bernard Généreux et lui-même ainsi que le sénateur Claude Carignan.

M. Lebel a confirmé la formation de ce groupe de travail durant un discours qu'il devant les membres de la Fédération québécoise des municipalités.

Avant de faire le saut en politique fédérale, M. Lebel a été maire de Roberval. Quant à Alain Rayes, Luc Berthold et Bernard Généreux, ils ont été premiers magistrats de Victoriaville, Thedford Mines et La Pocatière respectivement. Pour sa part, Claude Carignan était maire de Saint-Eustache avant d'être nommé au Sénat en 2009.