Le premier ministre Justin Trudeau n'a pas l'intention de changer son style. Il continuera à prendre des bains de foule et à aller à la rencontre des Canadiens, comme il le fait depuis son entrée en politique, même si cela donne lieu à des événements inusités qui soulèvent des questions au sujet de sa sécurité.

La Presse a rapporté jeudi matin qu'un individu ayant fait l'objet d'une enquête de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) parce qu'il aurait participé à la prise en otage de deux journalistes américains en Syrie en 2013 a réussi à s'approcher de M. Trudeau pour prendre un égoportrait avec le premier ministre alors qu'il accordait une entrevue à Radio-Canada près d'une station de métro de Montréal. La prise d'otages avait été concoctée par le Front Al-Nosra, un groupe lié à Al-Qaïda.

La Presse a choisi de ne pas nommer le suspect, puisque nous sommes incapables, à ce moment-ci de notre enquête, de confirmer son niveau d'implication dans les événements survenus en Syrie et puisqu'il ne fait l'objet d'aucune accusation criminelle.

Le bureau du premier ministre a refusé de commenter cette affaire, affirmant que la GRC est responsable d'assurer la sécurité de M. Trudeau. Mais dans l'entourage du premier ministre, on a fait valoir que M. Trudeau compte bien continuer de rencontrer les Canadiens comme il le fait depuis son élection en octobre 2015. M. Trudeau s'est envolé ce matin en compagnie des anciens premiers ministres Jean Chrétien et Stephen Harper afin d'assister aux funérailles de l'ancien président d'Israël, Shimon Peres, qui est décédé cette semaine.

Au bureau du ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale, on s'est montré aussi prudent. « La GRC a pour mandat de fournir une protection personnelle au premier ministre, à sa famille et leurs résidences officielles, et ce, en tout temps. (...) Les mesures de sécurité mises en place par la GRC pour le premier ministre et sa famille sont fondées sur le renseignement et correspondent à l'évaluation faite de la menace.

Ni le ministre de la Sécurité publique, ni la GRC n'émettront de commentaires sur ces mesures de sécurité visant à assurer la sécurité du premier ministre et de sa famille », a indiqué Scott Bardsley, attaché de presse de M. Goodale.

Pour sa part, le chef adjoint du Parti conservateur, Denis Lebel, estime que les révélations de La Presse doivent forcer M. Trudeau à une plus grande prudence.

« Il est clair que cela fait partie de la vie politique. On est toujours susceptible de se faire prendre en photo avec des gens. Mais M. Trudeau est tout de même bien à risque quand on sait qu'il accorde beaucoup d'importance aux photos et à l'image. Sa sensibilité à son image et à vouloir être vu partout avec tout le monde font qu'il est plus à risque que d'autres », a dit M. Lebel à La Presse.

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L'homme qui pose à côté de Justin Trudeau fait l'objet d'une enquête de la GRC, qui le soupçonne d'avoir participé, en compagnie d'autres Québécois, à la prise en otage de deux journalistes américains en Syrie en 2013, orchestrée par le Front Al-Nosra, un groupe lié à Al-Qaïda.