Si le but d'instaurer des élections à date fixe était de rendre le processus électoral plus transparent et plus équitable, c'est raté, conclut le directeur général des élections (DGE).

L'analyse de la première élection à date fixe de l'histoire canadienne sur la scène fédérale, qui s'est échelonnée sur une période 78 jours, a inspiré à Marc Mayrand un total de 27 recommandations qu'il a couchées dans un rapport déposé mardi à la Chambre des communes.

Le DGE y rappelle notamment qu'en procédant à ce changement, en 2007, le Parlement espérait «rendre le processus électoral plus transparent et plus équitable en éliminant la capacité du parti au pouvoir d'utiliser la date des élections à des fins partisanes».

Or, cet objectif n'a pas été atteint «en raison de la durée inhabituelle de la période électorale», et le déclenchement survenu «au milieu de l'été a surpris bon nombre de participants et a pu être perçu comme favorisant d'entrée de jeu le parti au pouvoir», écrit-il.

De plus, il affirme que l'égalité des chances peut être compromise car «les plafonds de dépenses des partis et des candidats sont proportionnels à la durée de la campagne», favorisant «les campagnes électorales qui disposent de plus de ressources», selon M. Mayrand.

Pour corriger la situation, le Parlement devrait limiter la durée des périodes électorales «à 45 ou 50 jours», suggère-t-il.

Le DGE relève par ailleurs dans son rapport que la tenue du scrutin un jour ouvrable - habituellement le lundi - occasionne certaines difficultés.

«Afin de laisser aux électeurs suffisamment de temps pour voter, les bureaux de scrutin doivent être ouverts avant et après les heures de travail», écrit M. Mayrand.

«Les bureaux de scrutin sont donc presque vides pendant une grande partie de la journée pour devenir soudainement très achalandés en fin de journée», ce qui entraîne «de l'attente et de la frustration pour les électeurs», poursuit-il.

Le Parlement devrait ainsi songer à fixer le jour du scrutin un samedi ou un dimanche, comme en Australie, en Nouvelle-Zélande et dans un certain nombre de pays européens, suggère M. Mayrand dans son rapport.

La proposition semble valable aux yeux de certains parlementaires, alors même que le gouvernement libéral mène ses consultations sur la réforme électorale - du mode de scrutin au vote obligatoire en passant par le vote en ligne.

«Si les gens arrivent à prouver qu'un jour différent pour le scrutin pourrait contribuer à augmenter la participation, alors oui, évidemment, ce serait très bien», a offert en mêlée de presse la ministre de la Santé, Jane Philpott.

La leader intérimaire du Parti conservateur, Rona Ambrose, a abondé dans son sens. «Je crois que tout ce que nous pouvons faire pour encourager davantage de gens à voter est fantastique pour le Canada», a-t-elle dit aux journalistes dans le foyer des Communes.

De son côté, le chef néo-démocrate Thomas Mulcair a dit vouloir «prendre le temps d'analyser concrètement et objectivement» cette proposition avec les instances de son parti.

Même si, a-t-il prévenu, «ce n'est pas évident de changer une habitude si bien établie», il y a «sans doute des éléments qui peuvent être intéressants là-dedans parce que ça évite certains écueils bien connus».

Marc Mayrand, qui doit quitter son poste en décembre, n'était pas disponible pour fournir plus d'informations sur son rapport, mardi.

Il a convoqué une conférence de presse mercredi matin à Ottawa.