L'ancien ministre Chris Alexander reconnaît qu'il devra «absolument» réhabiliter son image s'il se présente comme candidat dans la course à la direction du Parti conservateur du Canada (PCC).

«La dernière campagne ne reflétait ni ma vision du pays ni la réalité de ce que nous (les conservateurs) avons accompli dans le domaine de l'immigration et de la citoyenneté», a-t-il soutenu.

«Je compte donc pouvoir clarifier les choses», a poursuivi M. Alexander en entrevue téléphonique avec La Presse canadienne, confirmant du même souffle qu'il a bel et bien l'intention de briguer la direction du parti.

Celui qui a perdu son siège en octobre dernier a été vivement critiqué après avoir présenté la promesse électorale conservatrice d'instaurer une ligne de dénonciation pour signaler des cas présumés de «pratiques culturelles barbares».

Cette annonce lui a collé à la peau.

Regrette-t-il d'y avoir pris part? L'ancien député ontarien ne le dit pas clairement.

«Était-ce la bonne annonce pour ce jour, pendant la campagne? Probablement pas», a-t-il offert.

«Je regrette de n'avoir pas eu de l'influence sur l'ordre du jour de notre campagne, et je pense qu'il y a pas mal de gens qui partagent mes regrets», a poursuivi M. Alexander.

Celle qui était à ses côtés pour cette annonce, Kellie Leitch, avait subséquemment exprimé des regrets, mais la sincérité de cet acte de contrition a été remise en question après que la députée eut mis de l'avant sa proposition de filtrer les «valeurs anticanadiennes» des immigrants.

Cette suggestion, formulée dans le cadre de la course à la direction du PCC, a été comparée par les candidats Maxime Bernier et Michael Chong à la charte des valeurs élaborée par le Parti québécois.

À l'autre bout du fil, Chris Alexander abonde dans le même sens.

«Ce n'est pas une copie exacte, mais je vois un certain parallèle avec l'initiative échouée du Parti québécois, et je vois aussi certains échos du discours de Donald Trump aux États-Unis», a-t-il exposé.

Lui-même est en désaccord avec l'idée de Mme Leitch, car «c'est une façon de jouer sur les peurs des gens», et par ailleurs, «le Code criminel et nos lois reflètent (déjà) nos valeurs canadiennes».

Et le Parti conservateur ne devrait pas verser à nouveau dans ce type de discours qui a plombé ses chances de se faire réélire, estime M. Alexander, un ancien diplomate âgé de 48 ans qui a été ambassadeur du Canada en Afghanistan.

«On a fini par se faire percevoir comme un parti et un gouvernement non accueillant (pour les) immigrants, renfermé dans un discours assez négatif sur la sécurité et sur certains autres aspects de nos politiques d'immigration», a-t-il soutenu.

Chris Alexander compte annoncer s'il se lance dans la course à la direction avant le premier débat entre candidats. La joute oratoire, en anglais, aura lieu le 10 novembre à Saskatoon.

Les candidats à la succession de Stephen Harper remettront ça le 6 décembre à Moncton, mais cette fois, dans un format bilingue qui pourrait poser problème pour certains.

Ce ne sera pas un obstacle pour M. Alexander, qui s'exprime avec grande aisance dans la langue de Molière.

Au téléphone, l'ex-député insiste: le prochain chef du Parti conservateur doit absolument être «couramment» bilingue.

«Il y a des gens qui se pensent bilingues... C'est vraiment aux Canadiens de décider si ces gens-là leur adressent la parole au niveau requis», a-t-il spécifié.

Le prochain chef du Parti conservateur sera élu le 27 mai 2017.

Les candidats officiellement déclarés sont Maxime Bernier, Tony Clement, Michael Chong, Kellie Leitch et Deepak Obhrai.

D'autres songent à se lancer dans la mêlée. Les députés Andrew Scheer, Steven Blaney, Lisa Raitt et Erin O'Toole figurent sur cette liste.