La candidate à la direction du Parti conservateur Kellie Leitch signale que le dépistage en amont d'immigrants et réfugiés aux «valeurs anticanadiennes» est une proposition sensée, et qu'elle fera partie de ce qu'elle offrira comme prétendante au poste de chef.

La députée ontarienne a donc confirmé vendredi, dans un communiqué, qu'elle avait déjà sa propre réponse à l'une des questions posées dans un sondage soumis à ses militants par son équipe de campagne.

«Je pense qu'il est important de proposer que les immigrants n'aient pas de valeurs anticanadiennes comme l'intolérance envers les autres religions, cultures et orientations sexuelles, les comportements violents ou sexistes, et un manque de respect pour notre tradition canadienne des libertés personnelles et économiques», a tranché Mme Leitch.

«Au cours de ma campagne pour devenir la première ministre du Canada, je vais proposer des politiques qui feront du Canada un pays plus sécuritaire et plus fort, et qui consolideront une identité canadienne unifiée», a-t-elle précisé dans la version anglaise de la déclaration.

Elle y est allée de cette clarification après qu'il eut été rapporté que son équipe avait sondé ses militants sur l'idée d'écarter les immigrants et réfugiés aux «valeurs anticanadiennes», une suggestion s'apparentant à celle de la Coalition avenir Québec (CAQ).

La proposition de la députée et ancienne ministre de la Condition féminine a été vertement critiquée par l'un de ses trois adversaires officiels dans la course à la direction, le député Michael Chong.

«Suggérer que certains immigrants sont anticanadiens ne représente pas notre vision du Parti conservateur ni du Canada», a-t-il déclaré dans un communiqué publié peu avant la mise au point de Mme Leitch.

«Afin de gagner l'élection de 2019, nous devons construire un Parti conservateur qui se concentre sur les questions économiques qui préoccupent les Canadiens, et non pas sur des questions qui monteront les Canadiens les uns contre les autres», a-t-il ajouté.

De son côté, le candidat et député Tony Clement n'a pas souhaité commenter l'affaire, a indiqué son attaché, Matthew Conway. Il a par ailleurs été impossible, vendredi, de joindre l'autre député qui est officiellement dans la course, Maxime Bernier.

Un parallèle a été établi entre la démarche de Mme Leitch et une proposition controversée qui a nui aux conservateurs lors de la dernière campagne électorale, en 2015: l'instauration d'une ligne téléphonique de délation pour signaler de présumées «pratiques culturelles barbares».

Après la défaite électorale, la chef intérimaire du Parti conservateur, Rona Ambrose, s'en était rapidement dissociée. Ce fut ensuite au tour de Kellie Leitch: en entrevue à la CBC, en avril dernier, la députée ontarienne avait dit regretter cette initiative, les larmes aux yeux.

Selon un ancien stratège conservateur qui a été impliqué de près dans la dernière campagne électorale, «tout le monde est d'accord aujourd'hui pour dire que c'était une politique qu'on pourrait qualifier de caricaturale», qui n'était «pas nécessaire» et «surfaite».

«Je trouve ça surprenant de voir Kellie Leitch sortir avec ça, surtout après avoir fait son acte de contrition à CBC. Je ne comprends pas», a laissé tomber le stratège, qui a requis l'anonymat.

Le député libéral Arif Virani, un réfugié ougandais, s'était tourné jeudi vers Twitter pour fustiger la suggestion. Il a remis ça vendredi, relayant une critique impitoyable dirigée contre Mme Leitch rédigée par un ancien proche collaborateur du premier ministre Stephen Harper.

«Elle mise encore sur la haine des étrangers. Wow», a écrit Chad Rogers dans ce gazouillis.

De son côté, la porte-parole néo-démocrate en matière d'immigration, Jenny Kwan, a fait valoir que c'était l'approche de l'équipe de Mme Leitch qui devrait se mériter le titre d'«anticanadienne».

«Je trouve cela tout simplement ahurissant qu'une personne propose que nos lois en matière d'immigration pourraient être élaborées (de cette manière)», a-t-elle déploré en entrevue téléphonique, vendredi.

Au Bloc québécois, on n'a pas voulu commenter l'affaire sur le fond, mais dans une déclaration écrite, le député Mario Beaulieu a plaidé que «le Québec aurait avantage à avoir les pleins pouvoirs en immigration pour mieux mettre de l'avant les valeurs qui sont les siennes».

La question posée par l'équipe de campagne de la candidate Leitch se lisait comme suit: «Dans le cadre de son processus normal de filtrage des réfugiés et immigrants reçus, le gouvernement du Canada devrait-il dépister les valeurs anticanadiennes chez les potentiels immigrants?»

Cette hypothétique épreuve s'apparente au «test des valeurs» qu'a proposé d'imposer aux nouveaux arrivants la CAQ. La suggestion a valu au chef de la formation politique, François Legault, des comparaisons avec le candidat républicain à la présidence américaine Donald Trump.

L'idée de contraindre les immigrants à se soumettre à de tels examens est tout à fait valable, a déclaré vendredi matin sur les ondes de la station radiophonique anglophone CJAD un ancien attaché de presse du premier ministre Stephen Harper, Carl Vallée.

«Je pense que ça envoie le bon message sur le type de personnes qu'on veut accueillir ici. Si tu penses que ta femme doit se couvrir le visage lorsqu'elle sort en public, tu n'es pas le bienvenu ici au Canada», a-t-il argué.

La députée Leitch vient possiblement de jeter un pavé dans la mare avec cette suggestion, alors que la course à la direction devrait commencer à réellement prendre son envol en prévision de l'élection du successeur de Stephen Harper, le 27 mai 2017.

En plus des quatre députés qui ont officiellement déposé leur candidature, d'autres ont signifié leur intérêt à se lancer, dont Deepak Obhrai et Brad Trost. On attend prochainement la décision de la députée Lisa Raitt, ainsi que celle de l'ex-ministre Peter MacKay.

Le Québécois Steven Blaney y réfléchit aussi. «Les consultations se poursuivent et s'intensifient auprès des militants conservateurs et des intervenants clés», a indiqué son conseiller, Pierre-Luc Jean, dans un courriel envoyé mercredi à La Presse canadienne.

La date limite pour déposer une candidature est le 24 février 2017.

De son côté, la porte-parole néo-démocrate en matière d'immigration, Jenny Kwan, a fait valoir en entrevue, vendredi, que c'était l'approche de l'équipe de Mme Leitch qui était « anticanadienne » pour cette proposition qui va selon elle à l'encontre des valeurs des Canadiens.

La question posée par l'équipe de campagne de la candidate se lit comme suit : « Dans le cadre de son processus normal de filtrage des réfugiés et immigrants reçus, le gouvernement du Canada devrait-il dépister les valeurs anticanadiennes chez les potentiels immigrants ? »

Cette hypothétique épreuve s'apparente au « test des valeurs » qu'a proposé d'imposer aux nouveaux arrivants la Coalition avenir Québec (CAQ), une suggestion qui a valu au chef du parti, François Legault, des comparaisons avec le candidat républicain à la présidence américaine Donald Trump.

L'idée de contraindre les immigrants à se soumettre à de tels examens est tout à fait valable, a déclaré vendredi matin sur les ondes de la station radiophonique anglophone CJAD l'ancien attaché de presse du premier ministre Stephen Harper, Carl Vallée.

« Je pense que ça envoie le bon message sur le type de personnes qu'on veut accueillir ici. Si tu penses que ta femme doit se couvrir le visage lorsqu'elle sort en public, tu n'es pas le bienvenu ici au Canada », a-t-il argué.

« Les Canadiens ne sont pas liés par une culture, une origine ethnique, une religion ou même une seule langue commune. Ils sont liés par des valeurs communes qu'ils partagent et qui sont inscrites à l'intérieur de notre Constitution », a enchaîné M. Vallée.

Le sondage de la députée Leitch ne définit pas ce que sont des valeurs anticanadiennes, et ne dévoile pas la position de la candidate. Son directeur de campagne, Nick Kouvalis, a refusé jeudi de commenter le sondage, si ce n'est pour dire que plus de 8000 personnes y avaient répondu depuis mardi.