Le premier ministre Justin Trudeau juge futile le débat qui commence à faire rage au Québec sur le port du burkini à la plage.

À l'instar du premier ministre du Québec Philippe Couillard, la semaine dernière, M. Trudeau cachait mal son irritation lundi, à l'issue d'une retraite de deux jours de son cabinet à Sudbury, de voir que certains tentent de lancer un tel débat au pays.

«Il y a des pays dans le monde où la tolérance serait essentielle. (...)  Mais je pense qu'au Canada, on devrait être rendu au-delà de la tolérance. Tolérer quelqu'un, c'est accepter qu'ils aient le droit d'exister, mais à condition qu'ils ne viennent pas nous déranger trop, trop chez-nous, là », a d'abord déclaré M. Trudeau au cours d'une conférence de presse.

« Au Canada, est-ce qu'on pourrait pas parler d'acceptation, d'ouverture, d'amitié, de compréhension ? C'est vers là que nous allons et c'est ce que l'on est en train de vivre à tous les jours quand on voit nos communautés diverses et riches, pas en dépit de leurs différences, mais bien grâce à ces différences », a ajouté le M. Trudeau.

En France, des municipalités ont décidé d'interdire le port du burkini à la plage, provoquant un vif débat en Europe sur le respect des droits de la personne. Ce débat a eu des échos au Québec, notamment à l'Assemblée nationale, où la Coalition avenir Québec a pressé le gouvernement de Philippe Couillard d'emboîter le pas aux municipalités françaises qui ont choisi d'interdire ce vêtement de plage.

Vendredi dernier, le premier ministre Philippe Couillard a opposé une fin de non-recevoir catégorique à cette demande de la CAQ. « «Je ne peux pas croire qu'on en est là», a laissé tomber M. Couillard. «L'État n'a rien à voir avec la façon [dont] les femmes se vêtent sur les plages».

Devant les journalistes, lundi, M. Trudeau a rappelé aux élus, peu importe où ils siègent, qu'ils ont le devoir d'élever le débat public et de s'assurer de respecter les droits de la personne.

« Oui, il va y avoir des petites controverses ici et là comme toujours. Mais pour moi, le respect des droits et des choix des individus doit occuper la première place dans notre discours et dans nos débats », a affirmé M. Trudeau.