La ministre de l'Environnement Catherine McKenna est catégorique : la tarification du carbone fera partie des mesures qu'adoptera le gouvernement Trudeau à l'automne dans le cadre de son plan de lutte contre les changements climatiques.

Bien que certaines provinces aient émis des réserves à cet égard au cours des derniers mois, Mme McKenna soutient que la tarification du carbone est un passage obligé pour le Canada s'il veut se doter d'un plan crédible de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES).

Depuis quelques semaines, la ministre sillonne le pays afin de consulter les provinces, les industries et les groupes environnementalistes sur les nouvelles cibles que doit se fixer le Canada en matière de réduction des GES maintenant qu'il est signataire de l'Accord de Paris. Le gouvernement Trudeau doit dévoiler les nouvelles cibles canadiennes cet automne, et le premier ministre souhaite obtenir l'appui de ses homologues des provinces au préalable en les convoquant à une conférence des premiers ministres.

Mais des provinces telles que la Saskatchewan, le Manitoba et la Nouvelle-Écosse ont exprimé de vives craintes quant à l'imposition d'un prix sur les émissions de carbone alors que l'économie canadienne est chancelante, notamment en raison de la chute du prix du baril de pétrole sur les marchés mondiaux.

En point de presse, hier, alors qu'elle participait à une retraite de deux jours du cabinet fédéral à l'Université Laurentienne de Sudbury, la ministre McKenna a soutenu que les pourparlers qu'elle a eus avec les ministres des provinces progressent.

«Les négociations sur les changements climatiques vont très bien. Nous tenons des consultations dans tout le pays. J'ai rencontré mes homologues en groupe. Je viens tout juste de rencontrer les ministres des provinces atlantiques. Je les rencontre aussi individuellement. Il est important de bien comprendre les opportunités que cela représente pour nous. Cela représente de vraies occasions pour la croissance de l'économie. Les défis sont différents d'une province à l'autre», a-t-elle dit.

Selon elle, la tarification du carbone non seulement permettra de réduire les émissions de GES, mais aussi contribuera à stimuler les investissements privés dans l'infrastructure verte.

«Le prix du carbone fait partie des mesures qui seront nécessaires», a dit Catherine McKenna, ministre de l'Environnement.

Elle a pris soin de souligner que bon nombre d'entreprises endossent une telle mesure, rappelant que plus de 30 sociétés ont donné leur appui à la coalition pour le leadership en matière de tarification du carbone.

Opposition des conservateurs

Pour l'heure, même s'il a signé l'Accord de Paris en décembre dernier, le gouvernement Trudeau s'en remet aux cibles établies par les conservateurs de Stephen Harper lorsqu'ils étaient au pouvoir, soit de réduire les émissions de GES de 30% par rapport au niveau de 2005 d'ici 2030 - des cibles qui pourraient être difficiles à atteindre, selon plusieurs experts. On verra cet automne si les libéraux se donneront des cibles plus ambitieuses et s'ils prendront les moyens pour les respecter.

«Nous allons respecter l'échéancier de l'automne. Nous allons continuer à avoir des pourparlers. Mais jusqu'ici, les choses se déroulent bien», a dit hier la ministre McKenna.

Aux Communes, le Parti conservateur a promis de mener une rude bataille contre l'imposition d'un prix sur le carbone, estimant que cela risque de nuire à la croissance de l'économie canadienne, déjà minée par la baisse du prix du pétrole. Le Nouveau Parti démocratique, pour sa part, estime que la création d'une Bourse du carbone serait plus efficace.

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Relations Canado-Américaines

Durant cette première journée de retraite, hier, le premier ministre Justin Trudeau et ses ministres ont notamment fait le point sur les relations canado-américaines. L'ambassadeur du Canada aux États-Unis, David MacNaughton, a fait une présentation sur l'état des relations canado-américaines et les perspectives d'avenir avec l'élection présidentielle de novembre. Devant les journalistes, M. MacNaughton a indiqué que les discours protectionnistes ont la cote par les temps qui courent aux États-Unis. Selon lui, il importe de rappeler aux décideurs américains l'importance des relations commerciales entre les deux pays et le fait que les États-Unis tirent tout autant un avantage que le Canada de celles-ci.