Pour ce qui sera vraisemblablement sa dernière visite officielle en sol canadien, Barack Obama a livré mercredi un discours à la Chambre des communes où il a louangé la «profonde» amitié entre le Canada et les États-Unis et leurs valeurs partagées.

Devant un auditoire attentif de députés et sénateurs qui lui ont accordé de nombreuses ovations, le président américain a vanté les relations économiques entre les deux pays et le libre-échange, tout en spécifiant que la mondialisation devait bénéficier à toutes les couches de la société.

«Si nos démocraties semblent incapables d'assurer une croissance pour tous, les gens réagiront avec colère ou sous l'effet de la peur», a prévenu le président.

Et si les circonstances entourant le Brexit sont propres au Royaume-Uni, «les frustrations ressenties par les gens ne le sont pas», a-t-il prévenu.

M. Obama a insisté sur le fait qu'un retour au protectionnisme - une allusion au départ du Royaume-Uni de l'Union européenne, mais aussi aux positions du candidat républicain Donald Trump - ne constituait pas une solution valable. «Ça ne fonctionnera pas», a-t-il tranché, avant de signaler les bienfaits du Partenariat transpacifique (PTP).

Seule note discordante dans l'avalanche de compliments livrée par le président, M. Obama a interpellé Ottawa en le pressant à payer sa juste part à l'OTAN.

«À titre d'allié et d'ami, laissez-moi dire que nous serons plus en sûreté quand chaque membre de l'OTAN, incluant le Canada, contribuera sa pleine part pour notre sécurité commune», a-t-il lancé.

«Nous avons besoin de vous», a-t-il résumé.

Son discours devant les parlementaires s'est par ailleurs voulu le bilan de l'évolution des relations canado-américaines, alors qu'il termine son second et dernier mandat à la Maison-Blanche.

«Le partenariat qui perdure entre le Canada et les États-Unis est plus fort qu'il ne l'a jamais été, et nous sommes plus alignés que jamais auparavant», s'est-il félicité. Il a insisté sur le partage des valeurs progressistes: l'accueil de réfugiés, la lutte contre l'homophobie, la bataille pour l'égalité des sexes, etc.

M. Obama a aussi évoqué la guerre contre le terrorisme, une bataille qui pourra être gagnée grâce au multilatéralisme, selon lui. Il a également mis l'accent sur la lutte contre les changements climatiques - une question de sécurité, à ses yeux - saluant le travail du Canada et plus particulièrement de l'Alberta de Rachel Notley en la matière.

Grand absent du discours, l'enjeu du bois d'oeuvre n'a pas été abordé, alors que les deux capitales n'ont pas réussi à conclure une nouvelle entente, malgré des négociations intensives sur une période de 100 jours. Le gouvernement Trudeau assure qu'il y a eu progrès, alors que l'industrie et l'opposition à Ottawa s'impatientent.

Son allocution, souvent ponctuée de blagues, a été chaudement applaudie et ovationnée par les députés et sénateurs revenus à Ottawa spécialement pour l'occasion. On comptait d'autres invités, comme le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, ainsi que ses homologues de l'Ontario et de l'Alberta, Kathleen Wynne et Rachel Notley.

Si plusieurs conservateurs sont restés assis lorsque M. Obama a parlé de changements climatiques, tout comme l'ont fait les néo-démocrates lorsqu'il a abordé la question du PTP, tous semblaient ravis de participer à ce moment perçu comme historique.

Le public pouvait regarder le président livrer son discours en direct, sur les écrans géants installés sur la colline pour le traditionnel spectacle du 1er juillet.

Cette allocution terminait un voyage éclair d'une journée, dont l'événement principal était le sommet des «trois amigos» qui se tenait mercredi au Musée des Beaux-Arts. Barack Obama a ensuite pris le chemin de la colline du Parlement, où il a été accueilli par des élèves d'une école primaire d'Ottawa, ainsi que des cadets et rangers provenant des quatre coins du Canada.

Barack Obama était ainsi le septième président des États-Unis à s'adresser aux sénateurs et députés canadiens.

L'invitation avait été lancée au cours de la visite de Justin Trudeau à Washington en mars dernier. Ce type de discours est un événement plutôt rare à Ottawa. Les parlementaires ont ainsi ouvert les portes de la Chambre seulement 55 fois, depuis 1939. Ronald Reagan et Dwight Eisenhower ont été invités deux fois à livrer des discours dans ce décor.

Mais il y a plus de 20 ans qu'un président américain n'avait pas été entendu dans cette enceinte. C'était en février 1995, à quelques mois du référendum sur la souveraineté du Québec. Bill Clinton avait senti le besoin de glisser une allusion à ce sujet, vantant dans son discours un «Canada uni et fort».

Le plus récent chef d'État ou de gouvernement à avoir été ainsi accueilli sur la colline du Parlement était François Hollande, en novembre 2014.