Les partis d'opposition soutiennent qu'en multipliant les consultations publiques au cours des derniers mois, le gouvernement libéral démontre qu'au fond, il n'avait pas de «plan», contrairement à ce qu'il prétendait en campagne électorale.

L'heure est aux bilans sur la colline du Parlement, alors que les députés s'apprêtent à prendre le chemin de leurs circonscriptions pour participer à des BBQ et autres épluchettes de blé d'Inde pour les trois prochains mois.

Mardi, l'opposition a critiqué d'une même voix ce qu'elle considère être de maigres réalisations législatives depuis l'arrivée des libéraux au pouvoir. Le gouvernement réplique en affirmant que ces consultations lancées à tout vent sont nécessaires pour que les choses se fassent dans les règles de l'art.

Les consultations publiques annoncées par les troupes de Justin Trudeau sont légion: réforme électorale, avenir de Postes Canada, refonte de l'Office national de l'énergie et examen de comment se font les évaluations environnementales...

La première consultation entamée par le gouvernement - celle sur les modalités d'une éventuelle enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones assassinées et disparues - n'a pas encore porté ses fruits. L'enquête devait pourtant être lancée avant l'été. La ministre des Affaires autochtones, Carolyn Bennett, a assuré qu'elle serait mise en branle «bientôt», sans toutefois pouvoir avancer de date précise. «Nous avons beaucoup de travail à faire avec les provinces et les territoires», a-t-elle expliqué.

Selon le député conservateur Gérard Deltell, les libéraux tentent de «gagner du temps» en consultant, plutôt que de mettre en oeuvre leur plateforme électorale. «C'est un gouvernement d'image, mais ce n'est pas un gouvernement de substance», a-t-il affirmé.

Le néo-démocrate Guy Caron abonde dans le même sens en affirmant que le gouvernement cherche «à pelleter en avant» avec ces consultations, sans pour autant établir un cadre clair. «Pendant la campagne électorale, les libéraux ont martelé qu'ils avaient un plan. Là, s'il n'y a pas de plan, si on parle de consultations, c'est qu'ils ne savaient pas réellement où aller», a-t-il supposé.

Le chef intérimaire du Bloc québécois, Rhéal Fortin, abonde dans le même sens en affirmant que si on exclut les consultations, le bilan libéral reste «assez maigre».

Le whip du gouvernement, Andrew Leslie, a au contraire insisté sur l'importance de mener une conversation avec les citoyens. Il affirme que les sept mois au pouvoir des libéraux sont finalement bien peu pour mener des «consultations complètes et inclusives».

M. Leslie se défend vivement de reporter à plus tard des décisions. «On a des lettres de mandat pour les ministres, il y a des dates là-dedans. C'est le peuple du Canada qui va nous juger dans trois ans et demi et on doit produire des résultats», a-t-il insisté.

Lune de miel

N'en déplaise aux partis d'opposition et malgré leurs critiques, le Parti libéral du Canada continue de trôner au sommet des sondages. Ils doivent se rendre à l'évidence: la lune de miel se poursuit.

En outre, les libéraux peuvent se targuer d'avoir fait adopter quelques lois depuis leur arrivée à Ottawa.

Leur budget du printemps comportait certaines mesures qui devraient avoir un impact sur le portefeuille des citoyens. Les familles pourront compter dès juillet sur l'Allocation canadienne pour enfants, une prestation non imposable pouvant aller jusqu'à 6400 $ par enfant de moins de 6 ans et de 5400 $ pour ceux de 6 à 17 ans, pour les familles aux revenus les plus faibles. Des injections massives en infrastructures ont été accordées, mais il reste encore à s'entendre avec la majorité des provinces quant aux modalités. Des sommes ont par ailleurs été allongées pour les peuples autochtones, notamment en matière d'éducation.

Pressé par le délai imposé par la Cour suprême du Canada, le gouvernement a également fait adopter son projet de loi sur l'aide médicale à mourir, C-14. Les libéraux sont aussi allés de l'avant avec le projet de loi controversé C-10, allégeant les obligations imposées à Air Canada pour l'entretien de ses avions au pays.

Le projet de loi privé de Mauril Bélanger pour changer les paroles du Ô Canada afin d'en éliminer toute distinction de genre en anglais a obtenu l'aval des Communes, tout comme C-7 sur la négociation collective dans la Gendarmerie royale du Canada (GRC).

Les libéraux ont par ailleurs rétabli le questionnaire long du recensement et sont parvenus à accueillir plus de 25 000 réfugiés syriens, tel que promis en campagne.

Il reste toutefois de nombreux dossiers sur la table pour les prochains mois. Ottawa devra notamment s'entendre avec les provinces sur le montant et les modalités des transferts en santé. Il devra régler le dossier du bois d'oeuvre, ainsi que celui du lait diafiltré.

Sur le plan de la défense, il devra remplacer les chasseurs CF-18 désormais désuets. Côté environnement, il aura à s'entendre avec les provinces sur un plan d'action pour le climat et à fixer un prix sur le carbone.

Le gouvernement mettra également le pied sur l'accélérateur dans le dossier de la réforme électorale, alors que le comité parlementaire créé pour étudier la question se réunira ponctuellement au cours de l'été.