La question de la réforme électorale est trop complexe pour être soumise à un référendum, de l'avis du premier ministre Justin Trudeau.

M. Trudeau a offert ce nouvel argument alors que les élus conservateurs continuaient, lundi encore, à réclamer à hauts cris la tenue d'un référendum.

«Une question aussi ouverte et complexe sur comment on va changer notre système de scrutin exige des consultations engagées, bien des voix (...), des experts (...). Ça c'est un processus plus complexe que le oui ou non exigé dans un référendum», a-t-il dit en réponse à une question, aux Communes, de la leader par intérim du Parti conservateur, Rona Ambrose.

Mme Ambrose et ses députés insistaient sur le fait que Stéphane Dion, aujourd'hui ministre des Affaires étrangères, a lui-même plaidé en faveur de pareil exercice pour réformer le mode de scrutin au Canada, en 2012.

«Le ministre des Affaires étrangères, dans son propre essai, disait, et je cite, "Les précédents rendent un référendum incontournable au Canada. Pour changer de mode de scrutin, il faut obtenir l'appui du peuple"», a rappelé le député de Richmond-Arthabaska, Alain Rayes.

À sa sortie des Communes, lundi après-midi, le ministre Dion n'a pas renié ses anciens propos. Mais il a choisi la solidarité ministérielle. «J'ai un très grand respect pour la ministre, Mme Monsef. Et je l'appuie entièrement», a-t-il lâché.

La ministre des Institutions démocratiques, Maryam Monsef, maintient que les consultations que tiendra un comité spécial formé de cinq élus libéraux, trois conservateurs, deux néo-démocrates, un bloquiste et la seule élue du Parti vert, suffiront pour jauger l'appui des Canadiens pour une forme de scrutin plutôt qu'une autre.

La semaine dernière, le gouvernement a accepté de se retrouver minoritaire à ce comité, à la suite de pressions néo-démocrates. «Si le gouvernement continue de démontrer de la bonne foi (…), nous ne voyons pas la nécessité de tenir un référendum», déclarait le député du NPD Matthew Dubé à l'issue des tractations, jeudi. Lundi soir, le porte-parole du NPD, George Smith, prétendait toutefois que la nouvelle donne n'était pas le résultat d'un «échange» entre libéraux et néo-démocrates.

Les bloquistes, tout comme les conservateurs, tiennent à la tenue d'un référendum.

«M. Dion ... disait que ça en prenait un, un référendum. Je comprends que c'est un libéral et que c'est normal qu'il ne dise pas la même chose une fois élu qu'avant d'être élu. Mais moi je pense que c'est le (Stéphane Dion) avant élection qui avait raison. Ça prend un référendum», a lancé Rhéal Fortin, chef par intérim du Bloc québécois.