La GRC a conclu un autre chapitre de la longue saga des dépenses injustifiées au Sénat, jeudi, en déclarant que la sénatrice Pamela Wallin ne serait pas accusée au criminel en lien avec ses réclamations de dépenses de voyage - une enquête qui a traîné en longueur selon certains sénateurs.

La GRC en a fait l'annonce dans une courte déclaration, près de trois ans après que le corps policier a commencé à examiner les dépenses de la sénatrice saskatchewanaise et quelques semaines après qu'un juge a acquitté son collègue Mike Duffy de 31 chefs d'accusation au criminel.

«La GRC a terminé son enquête approfondie sur les dépenses du Sénat de la sénatrice Pamela Wallin», indique le communiqué signé par le commissaire adjoint Gilles Michaud.

«En consultation avec le procureur de la Couronne, la GRC a déterminé qu'aucune accusation ne sera portée contre la sénatrice Wallin. Ceci conclut le dossier d'enquête.»

La GRC avait ouvert un dossier sur la sénatrice en 2013, après qu'un examen de ses dépenses se fut conclu par un remboursement de quelque 150 000 $, incluant les intérêts, pour des réclamations jugées injustifiées par le Sénat.

Pamela Wallin, tout comme Mike Duffy et Patrick Brazeau, a été suspendue sans salaire du Sénat en novembre 2013 en lien avec ces dépenses.

Elle a longtemps réitéré son innocence et affirmé qu'on l'avait ciblée parce qu'elle était une sénatrice militante, ce qui déplaît à certains collègues.

En remboursant les sommes en question en septembre 2013, Mme Wallin avait déploré un travail de «lyncheurs» au Sénat.

Deux mois plus tard, elle avait été suspendue sans salaire du Sénat concernant ses dépenses, aux côtés de MM. Duffy et Brazeau.

Questionné sur les critiques de Mme Wallin, le sénateur Jim Munson a dit croire que le Sénat avait été «très près» du lynchage, la condamnant avant qu'elle n'ait eu vraiment la chance de se justifier.

M. Munson s'est aussi interrogé sur le temps pris par la GRC pour régler l'affaire.

«Le système de justice dans cette affaire a avancé plus lentement que jamais. (...) D'avoir ainsi son nom sous les projecteurs et tout le reste, vous êtes pratiquement condamné à l'avance. Pourquoi? Parce que vous êtes une personnalité publique.»

La GRC a aussi conclu ses investigations sur la majorité des sénateurs ayant fait l'objet de remises en question de leurs réclamations de dépenses dans le rapport du vérificateur général, l'an dernier.

Alors qu'elle quittait le Sénat, jeudi, Mme Wallin s'est dite soulagée que la GRC ait finalement rendu une décision.

«Ce fut trois très longues années, et je suis contente que ce cauchemar soit terminé», a-t-elle affirmé. Mme Wallin a dit qu'elle consultera son avocat sur les possibles prochaines étapes, tout en refusant d'élaborer de quelles mesures il pourrait s'agir.

Son collègue sénateur saskatchewanais David Tkachuk, qui a présidé le comité ayant examiné l'audit sur les dépenses de Mme Wallin, a dit n'avoir jamais cru qu'elle avait commis un quelconque geste criminel relativement à ses dépenses.

Le sénateur Larry Campbell a dit espérer que la Couronne abandonne les accusations de fraude et d'abus de confiance contre Patrick Brazeau, dont le procès a été repoussé jusqu'au mois de juin 2017, après qu'il eut tenté de s'enlever la vie en janvier dernier.

L'ancien premier ministre Stephen Harper a nommé Mme Wallin au Sénat en 2009, mais elle a quitté le caucus conservateur dans la foulée du scandale des dépenses, en 2013.

Dans des documents déposés en cour en janvier de l'an dernier, les voyages de Mme Wallin sont décrits en détail, les enquêteurs s'étant tournés vers les différents conseils d'administration dont a fait partie la sénatrice pour obtenir de l'information.

Parmi les réclamations, on note 24 événements auxquels Mme Wallin a assisté à titre de membre du conseil d'administration de Porter Airlines et Gluskin Sheff.

L'avocat de Mme Wallin, Terrence O'Sullivan, affirme que les réclamations de dépenses pour ces rencontres ont été accidentellement soumises au Sénat plutôt qu'aux entreprises en raison d'une «erreur administrative».

Mme Wallin avait expliqué cette erreur aux vérificateurs externes embauchés par le Sénat pour examiner ses dépenses, et ils avaient conclu qu'il n'y avait pas eu de fraude, avait dit Me O'Sullivan à l'époque.