Le Canada ne s'engage pas à augmenter massivement ses dépenses militaires, tel que demandé aux alliés des États-Unis par Donald Trump dans le cadre de sa plateforme électorale.

Le ministre de la Défense, Harjit Sajjan, a été questionné à ce sujet lors d'une visite à Washington. M. Trump exhorte les alliés de l'OTAN à respecter leur engagement d'investir 2% de leur produit intérieur brut dans les services militaires.

M. Trump a récemment prévenu que les alliés devraient être préparés à se défendre sans l'aide des Américains s'ils ne respectent pas l'objectif de dépenses internationales établi il y a plusieurs années.

Sceptique

M. Sajjan a exprimé son scepticisme, jeudi, à propos de la pertinence de ce critère de 2%, sans s'engager à le respecter ou le rejeter.

Il a déclaré que le gouvernement voudra un plan qui fonctionnera pour le Canada et pour ses alliés, dans le cadre de la révision de la politique militaire.

Il y a d'autres moyens de calculer la contribution du pays, a-t-il ajouté.

« Nous avons perdu 158 soldats - sacrifiés - en Afghanistan. Comme j'ai été à leurs côtés, je sais que la contribution peut être mesurée de différentes manières », a déclaré le ministre, qui a combattu en Afghanistan.

« Nous prendrons une décision basée sur le type de capacité militaire, la taille et la composition nécessaire pour le Canada, mais surtout comment nous intégrerons cela avec nos partenaires multilatéraux. »

Les propos du ministre reflètent l'avis du gouvernement dans le cadre de la révision de la politique militaire, qui laisse entendre que la cible de 2% est une mesure discutable pour calculer l'efficacité militaire.

Doubler les dépenses

Le Canada devrait doubler ses dépenses pour atteindre cette cible. Il est présentement dans l'échelon inférieur des pays de l'OTAN en termes d'investissements, à 1% du PIB.

Pour atteindre l'objectif de 2% du PIB, le Canada devrait investir 20 milliards de dollars de plus par année - l'équivalent de la presque totalité du programme d'assurance-emploi fédéral ou de la moitié des transferts provinciaux en santé aux provinces.

Les pays de l'OTAN ont accepté de respecter cet objectif, il y a une décennie, mais seulement quatre d'entre eux y sont parvenus.

M. Trump en a fait l'un des thèmes de son discours en termes de politique étrangère en plus de menacer ses alliés.

« Nos alliés doivent contribuer aux coûts financiers, politiques et humains de notre immense charge sécuritaire. Mais plusieurs d'entre eux ne le font tout simplement pas », a-t-il déclaré récemment.

« Nous avons dépensé des milliards de dollars - sur des avions, des missiles, des navires et de l'équipement - pour bâtir une armée qui offre une importante défense pour l'Europe et l'Asie. Les pays que nous défendons doivent payer pour le coût de cette défense, et si ce n'est pas le cas, les États-Unis doivent être prêts à laisser ces pays se défendre eux-mêmes. »