Le gouvernement fédéral a cumulé un excédent budgétaire de 7,5 milliards au cours des 11 premiers mois de l'exercice, ce qui le place bien en avant de sa cible prévue pour l'année 2015-16, avec encore un mois à comptabiliser.

Selon la plus récente Revue financière mensuelle du ministère des Finances, publiée vendredi, Ottawa a enregistré un surplus de 3,2 milliards $ pour le seul mois de février. Mais le ministre des Finances, Bill Morneau, a déjà prévenu que le dernier mois d'un exercice causait souvent de mauvaises surprises.

Le gouvernement libéral devrait en fait réaliser un déficit d'environ 13 milliards pour ce dernier mois de l'exercice, en mars, afin de toucher sa cible pour l'exercice financier 2015-16 - soit un déficit de 5,4 milliards.

Ce nouveau rapport du ministère des Finances va vraisemblablement alimenter le débat sur l'état des comptes laissés par le précédent gouvernement. Les conservateurs soutiennent qu'Ottawa était en voie d'enregistrer un léger excédent en 2015-16, ce qu'ont nié les libéraux après avoir pris le pouvoir à l'automne.

Dans leur budget présenté le mois dernier, les libéraux ont prévu que le gouvernement fédéral afficherait six déficits budgétaires annuels consécutifs. Mais certains observateurs, dont le Directeur parlementaire du budget (DPB), estiment que les libéraux ont fait preuve d'une prudence extrême dans leurs prévisions.

Plus tôt en avril, le DPB mettait en doute le déficit de 5,4 milliards prévu par les libéraux pour l'exercice financier 2015-16, et il estimait plutôt qu'Ottawa enregistrerait un surplus budgétaire, de 700 millions.

La chef intérimaire du Parti conservateur, Rona Ambrose, indiquait alors en Chambre que le rapport du DPB démontre deux choses: «le budget libéral ne tient pas la route et - bonne nouvelle ! - les conservateurs ont laissé un surplus». Le ministre Morneau rétorquait que les revenus sont en baisse et les dépenses sont en hausse lors du dernier mois d'un exercice. «Les conservateurs nous ont légué un déficit, comme nous le constaterons», soutenait-il alors.

Certains observateurs croient que les libéraux sont délibérément pessimistes dans leurs projections afin de pouvoir ensuite se targuer de leur bonne gestion des finances publiques. Les libéraux ont notamment inclus dans leurs perspectives budgétaires un énorme «montant du rajustement au risque» de 6 milliards par année, ce qui pèse lourdement dans les prévisions de dépenses du gouvernement.