On saura jeudi ce que contiendra le projet de loi sur l'aide médicale à mourir, mais déjà, des voix s'élèvent pour s'assurer que tous auront droit de parole au cours d'un débat qui s'annonce riche en émotions.

La ministre de la Justice Jody Wilson-Raybould déposera aux Communes son projet de loi très attendu, en réponse au jugement de la Cour suprême du Canada (CSC) le forçant à revoir le Code criminel en la matière.

En janvier, la Cour a accordé un délai supplémentaire de quatre mois au fédéral pour qu'il se plie à sa décision. Or, la date butoir du 6 juin approche à grands pas, et certains craignent que les troupes de Justin Trudeau imposent le bâillon pour accélérer les procédures.

Ce serait très malheureux, juge le député conservateur Gérard Deltell, qui a siégé sur le comité mixte chargé de faire des recommandations au gouvernement dans le dossier.

Il estime que, puisque le débat est délicat, il faut éviter à tout prix qu'il se fasse « sous pression ».

On s'attend à ce que la nouvelle législation aille moins loin que les recommandations du comité mixte. Ainsi, le droit au suicide assisté ne s'étendrait pas aux mineurs dits « matures ». Les malades dont la maladie dégénérative affecte le jugement n'auraient pas, de leur côté, l'option d'offrir leur consentement préalable.

Les députés conservateurs siégeant sur ce comité avaient livré un rapport dissident.

Selon M. Deltell, les conservateurs - qui comptent plusieurs députés pro-vie - n'iraient pas jusqu'à faire de l'obstruction parlementaire lors de l'étude du projet de loi, mais il insiste sur le fait que tous devraient pouvoir s'exprimer sur la question.

« Ce n'est pas une question de filibuster [NDLR: faire de l'obstruction parlementaire] quoi que ce soit. C'est une question que tous ceux qui veulent prendre la parole puissent le faire », a-t-il dit mercredi.

Même du côté des libéraux, certains ont des réserves sur cet enjeu, comme le député libéral de Winnipeg-Centre, Robert-Falcon Ouellette, issu de la Première Nation Red Pheasant de la Saskatchewan.

« Quand vous regardez les communautés autochtones, il y a plusieurs problèmes avec le suicide. Il ne faut pas le valoriser », a-t-il souligné.