Les ministres unilingues francophones sont jugés plus sévèrement que leurs collègues unilingues anglophones, estime la ministre du Revenu national, Diane Lebouthillier.

Les ministres unilingues francophones sont jugés plus sévèrement que leurs collègues unilingues anglophones, estime la ministre du Revenu national, Diane Lebouthillier.

À l'issue d'une réunion du cabinet, mardi, la députée de la Gaspésie a affirmé que les standards n'étaient « peut-être » pas les mêmes à cet égard.

La semaine dernière, le bureau de Mme Lebouthillier a décliné une entrevue avec la radio du service anglophone de Radio-Canada, la ministre étant trop peu à l'aise de s'exprimer dans la langue de Shakespeare.

Cette situation a laissé perplexes les auditeurs de l'émission « As it Happens », selon le réseau, qui a publié dans la foulée de ce refus un texte intitulé « Les ministres devraient-ils parler les deux langues officielles? ».

>> Lisez le texte « Should cabinet ministers speak both official languages ? »

Dans un passage de l'article, qui a été publié en ligne mercredi dernier, on demande à quand remonte la dernière fois qu'un ministre fédéral « ne parle pas la langue de la majorité des Canadiens ».

Invitée à réagir à cette formulation, mardi, jour de rentrée parlementaire à Ottawa, Diane Lebouthillier a simplement rappelé que « le Canada a deux langues : le français et l'anglais ».

La ministre, qui poursuit son apprentissage de l'anglais, a par ailleurs plaidé qu'elle ne considérait pas son unilinguisme comme une tare.

« Pour moi, ce n'est pas un défaut de ne pas parler une autre langue. Ce qui serait dommageable, c'est de ne pas faire l'effort de le faire », a-t-elle soutenu.

Au conseil des ministres du gouvernement libéral, environ la moitié des 30 ministres sont unilingues anglophones.

La ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly, n'a pas directement commenté le cas de Mme Lebouthillier ou du média - dont elle est la ministre responsable - qui l'a soulevé.

« Que nos ministres soient anglophones ou francophones, le plus important, c'est que je vois vraiment une réelle volonté (d'apprendre) la deuxième langue officielle », a-t-elle offert en mêlée de presse dans le foyer de la Chambre des communes.

Pour le chef du Bloc québécois, Rhéal Fortin, le réseau anglais de Radio-Canada s'est fait le porte-voix de « certains individus que l'unilinguisme achale ».

« Quand CBC déplore que la ministre parle français, moi, ce que j'entends, c'est qu'il y a une bonne partie de l'électorat canadien qui le déplore », a-t-il suggéré en point de presse.

« Et ça m'attriste, parce que c'est un comportement qui m'apparaît injuste quand je le compare aux ministres unilingues anglophones, qui eux, semblent avoir l'oreille de tout le monde », a enchaîné M. Fortin.

Le dernier unilingue francophone à avoir servi dans un cabinet à Ottawa est Benoît Bouchard, qui avait été nommé en 1984 par le premier ministre Brian Mulroney.