Le premier ministre Justin Trudeau a procédé à ses premières nominations au Sénat vendredi dans l'espoir de donner un nouvel éclat à une institution durement ébranlée par le scandale des dépenses de certains sénateurs.

Un ancien mandarin du gouvernement fédéral, Peter Harder, un ancien éditorialiste en chef du quotidien La Presse, André Pratte, et l'athlète Chantale Petitclerc, qui a remporté plusieurs médailles d'or aux Jeux paralympiques, font partie des sept nouveaux sénateurs qui ont été choisis par M. Trudeau.

M. Trudeau compte faire appel à l'ancien haut fonctionnaire aux Affaires étrangères Peter Harder pour qu'il agisse comme leader du gouvernement au Sénat. M. Harder, qui était responsable du comité de transition lorsque les libéraux ont pris le pouvoir aux élections d'octobre dernier, deviendra ainsi la personne qui pilotera les projets de loi du gouvernement Trudeau au Sénat.

« Le gouvernement prend aujourd'hui d'autres mesures concrètes pour faire suite à son engagement de réformer le Sénat, de rétablir la confiance du public et de mettre fin à la partisanerie dans le processus de nomination », a déclaré M. Trudeau par voie de communiqué.

Les autres candidats choisis sont Raymonde Gagné, l'ancienne présidente de l'Université de Saint-Boniface, au Manitoba, Frances Lankin, ancienne ministre dans le gouvernement néo-démocrate de Bob Rae en Ontario, Ratna Omidvar, une experte dans le domaine de l'immigration et de la diversité de l'Université Ryerson, en Ontario, et Murray Sinclair, un ancien juge du Manitoba qui a présidé la Commission de vérité et réconciliation afin de faire la lumière sur les abus qui ont été commis dans les pensionnats autochtones.     

Les candidats nommés par le premier ministre ont été recommandés par un comité consultatif, qui a passé les deux derniers mois à compiler une liste de personnes ayant les qualités et les compétences nécessaires pour siéger au Sénat.

« Les nominations au Sénat que j'ai annoncées aujourd'hui aideront à atteindre l'objectif important de transformer le Sénat en une institution moins partisane et plus indépendante qui peut jouer ses rôles fondamentaux dans le processus législatif de façon plus efficace - y compris la représentation des intérêts des régions et des minorités - puisque nous éliminons la partisanerie afin d'assurer que les intérêts des Canadiens priment sur les allégeances politiques », a-t-il ajouté.

Même si ces nouveaux sénateurs sont nommés par le gouvernement Trudeau, ils siégeront tous à titre de sénateurs indépendants.

Le Parti conservateur s'est montré peu impressionné par ces nouvelles nominations. Le député conservateur de la région de Québec, Gérard Deltell, a soutenu que le premier ministre a perdu « toute crédibilité » pour ce qui est de la réforme du Sénat.

« Un groupe d'individus non élus et non responsables a fait des recommandations afin de nommer des sénateurs non élus, tout cela derrière des portes closes. Les libéraux se gargarisent de beaux principes, mais tout cet exercice est un « show de boucane », car c'est le statu quo »,  a affirmé M. Deltell.

Avant ces nominations, il y avait 24 sièges vacants au Sénat. En tout, le Sénat compte 105 sièges. M. Trudeau a l'intention de combler les 17 autres sièges vacants d'ici la fin de l'année.