Fallait-il que Justin Trudeau soit accompagné du tiers de son cabinet et de nombreux autres invités pour sa visite à Washington? Les partis d'opposition à Ottawa se le demandent.

La délégation canadienne qui a pris d'assaut la capitale américaine est «énorme», a reproché vendredi le député conservateur Pierre Paul-Hus, qui perçoit cette visite principalement comme un «beau party».

«Si les ministres qui ont été là-bas ont eu des rencontres avec leurs collègues (des États-Unis), tant mieux. Sinon, c'est une perte de temps et d'argent pour tous les Canadiens», a-t-il enchaîné, disant ne pas avoir été impressionné par les annonces faites à Washington.

Le député néo-démocrate Guy Caron, qui a parlé d'une délégation «surprenante» par sa taille, a abondé dans le même sens.

«Je pense qu'à son retour, le premier ministre et sa délégation devront faire rapport de ce qu'ils ont réellement et concrètement obtenu», a-t-il indiqué en point de presse dans le foyer de la Chambre des communes.

Pour le député bloquiste Xavier Barsalou-Duval, la visite en sol américain n'a «rien rapporté» et n'a permis de faire avancer aucun dossier québécois.

Et Justin Trudeau, lui, a simplement voulu épater la galerie, a-t-il pesté: «Peut-être qu'en étant tout seul, ce n'était plus assez, il fallait qu'il rajoute des ministres pour attirer encore l'attention».

Le premier ministre Trudeau et le président américain Barack Obama ont notamment annoncé qu'ils s'étaient entendus pour diminuer les émissions de méthane de 40 à 45 pour cent et leur intention d'accroître l'échange de renseignements contenus sur leur liste d'interdiction de vol.

Dans le dossier du bois d'oeuvre, ils se sont par ailleurs «entendus pour que leurs ministres examinent intensivement toutes les options et qu'ils déposent, d'ici 100 jours, un rapport», précise le communiqué conjoint publié à l'issue de leur rencontre bilatérale, jeudi.

Le bureau du premier ministre n'a pas encore fourni la liste complète des élus qui ont accompagné Justin Trudeau pour cette visite aux États-Unis, qui a été marquée par une rencontre bilatérale avec le président américain Barack Obama et un dîner d'État à la Maison-Blanche.

Mais selon les photos qui circulent sur Twitter, les ministres des Affaires étrangères, de la Défense, de la Sécurité publique, du Développement international, de l'Environnement, du Patrimoine canadien, du Commerce international, des Pêches ainsi que de l'Innovation ont fait le voyage.

Aux yeux du député libéral François-Philippe Champagne, une délégation d'une telle ampleur n'a rien d'exagéré et se justifie aisément par les retombées positives qu'elle engendre.

«Tout au contraire!», a-t-il lancé en point de presse dans le foyer de la Chambre des communes.

«Écoutez, on a célébré le Canada de façon importante ces derniers jours. C'est une occasion unique de faire valoir l'ensemble de nos dossiers, de faire valoir la façon canadienne de faire», a dit M. Champagne.

Même son de cloche de la part de son collègue Scott Brison, président du Conseil du trésor.

«Je pense que c'est une bonne chose d'avoir un premier ministre et ses ministres qui sont capables de défendre les intérêts et les valeurs canadiennes à Washington», a-t-il plaidé.

«C'est clair qu'on a fait beaucoup de progrès cette semaine», a ajouté M. Brison.

Le président Obama a profité du passage de son homologue canadien pour annoncer qu'il ferait un discours devant le Parlement lors de sa visite au Canada plus tard cette année.

Son voyage se déroulera dans le cadre du sommet des «trois amigos», en juin prochain, auquel sera également convié le président du Mexique, Enrique Pena Nieto.