Bien que l'oléoduc Énergie Est de TransCanada soit encore loin d'être approuvé, le Parti vert craint que le fédéral soit tenté de financer le projet.

Sa chef, Elizabeth May, estime qu'avec le cours du pétrole actuellement très bas, le projet d'oléoduc n'est pas viable économiquement.

S'il est approuvé, le pipeline transporterait du brut de l'Alberta destiné à l'exportation jusqu'au Nouveau-Brunswick, en passant notamment par le Québec. Le projet, évalué à 15 milliards, aurait une capacité de 1,1 million de barils par jour.

«Nous savons que l'argument environnemental est désastreux, mais l'argument économique est aussi extrêmement faible. En fait, il est indéfendable», a insisté Mme May en conférence de presse à Ottawa, mercredi.

Selon son chef adjoint, Daniel Green, Ottawa pourrait être interpellé afin qu'il finance ou fournisse des garanties pour le projet, et les contribuables seraient alors forcés de payer. «Le Parti vert dit non. Ce n'est pas aux payeurs de taxe canadiens d'aider à ce que ce pipeline se fasse», a-t-il insisté.

Les verts n'ont toutefois aucune indication voulant que TransCanada envisage de courtiser Ottawa pour qu'il contribue financièrement à son projet.

Le ministre des Ressources naturelles, Jim Carr, a d'ailleurs soutenu à sa sortie de caucus que l'idée d'offrir de l'argent à la compagnie n'était pas dans les cartes.

«Ce n'est pas un sujet que nous avons considéré, ce n'est pas quelque chose que nous avons imaginé», a-t-il tranché.

Le projet en est encore à une phase très préliminaire. Au Québec, le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) tient actuellement des consultations sur la question. L'Office national de l'énergie (ONÉ) a par ailleurs demandé à l'entreprise de lui soumettre des documents rédigés plus clairement sur ce projet. En janvier, le gouvernement de Justin Trudeau a accordé six mois supplémentaires à l'ONÉ pour l'étude de la proposition.

Mme May espère d'autre part que le chef libéral respectera sa promesse de mettre fin graduellement aux subventions à l'industrie pétrolière. Elle estime à environ 800 millions annuellement les subventions à cette industrie.

Selon elle, cette question passe sous le radar. «Nous avons maintenant un grand débat sur la question d'un prix sur le carbone, mais nous n'avons pas entendu un débat au sujet de cesser les subventions», a-t-elle signalé.