Des documents prébudgétaires suggèrent que le budget de la Défense nationale pourrait être réduit de près de 400 millions au cours de la prochaine année financière.

Durant la campagne électorale, Justin Trudeau avait promis de maintenir le financement accordé à la Défense par le gouvernement de Stephen Harper, et même de l'augmenter en 2017-2018, comme le prévoyait déjà le budget conservateur de l'an dernier.

Maintenant élu, le gouvernement libéral subit la pression des alliés du Canada afin d'augmenter ses dépenses en matière de défense. Les États-Unis et le Royaume-Uni insistent pour que le Canada respecte le seuil établi par l'OTAN - soit 2,0 % du produit intérieur brut. Ces demandes se sont faites encore plus pressantes après les attentats de Paris en novembre dernier.

Des estimations budgétaires préliminaires indiquent toutefois que la Défense terminera l'année financière avec un budget d'un peu plus de 19 milliards, alors que les dépenses prévues pour l'année suivante n'atteindraient que 18,64 milliards - une baisse de près de 400 millions. La Défense nationale réclame toutefois régulièrement de nouveaux fonds au cours de l'année, selon les aléas de la géopolitique.

Le ministre de la Défense, Harjit Sajjan, nie que son gouvernement s'apprête à réduire son budget - il a plutôt rappelé le «facteur de progression des dépenses» déjà reconnu dans le programme libéral.

Les conservateurs utilisaient le même argument: annoncer une hausse des budgets à la Défense pour ensuite y réduire les dépenses.

Les documents obtenus par La Presse Canadienne en vertu de la Loi sur l'accès à l'information montrent cependant que ces hausses annuelles ne couvrent pas l'inflation et ne permettent absolument pas de compenser les coupes effectuées par les conservateurs pour réduire les déficits. Sous les conservateurs, le budget de la Défense augmentait d'environ 300 millions par année, mais au final, quelque 2,1 milliards sont ensuite revenus dans les coffres de l'État.

Le «facteur de progression des dépenses» avait été mis en place par les conservateurs pour assurer aux militaires une source de financement stable et prévisible. Mais des études ont démontré que le secteur militaro-industriel doit composer avec une inflation plus élevée - de deux à cinq points de pourcentage. On attribue cet écart aux équipements de haute technologie et au nombre plus restreint de fournisseurs dans ce secteur.

Le porte-parole conservateur en matière de défense, James Bazan, craint qu'en annonçant des déficits plus importants que prévu pour relancer l'économie, les libéraux ne mettent encore plus de pression sur l'état-major de la Défense pour qu'il réduise ses besoins de financement.