Le ministre fédéral des Finances devrait présenter lundi de nouvelles données qui montreront à quel point le ralentissement économique des derniers mois a assombri les perspectives pour le Canada.

Bill Morneau dévoilera des chiffres mis à jour quelques semaines avant la présentation du nouveau budget, plutôt que de les annoncer dans le budget lui-même. Selon un responsable du gouvernement, il s'agit d'un geste inhabituel qui viserait à favoriser la transparence sur la situation économique du pays.

Ces nouveaux chiffres montreront aux Canadiens que beaucoup de choses ont changé depuis que le gouvernement Trudeau a publié ce genre de données dans sa mise à jour financière et économique de novembre, a affirmé la source, qui s'est exprimée sous le couvert de l'anonymat.

Les Canadiens auront aussi une meilleure idée de l'ampleur des déficits budgétaires à venir. Le ministre Morneau, toutefois, ne devrait pas préciser lundi le montant de ce déficit, puisque le budget n'est pas encore finalisé, a précisé la source.

Ces informations, moins détaillées que la mise à jour de l'automne, seront dévoilées alors que les prévisions de croissance économique pour le Canada diminuent. Le Canada a été particulièrement touché par la chute des prix du pétrole et la faiblesse de l'économie mondiale.

La semaine dernière, par exemple, l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) a abaissé de 2 à 1,4 pour cent sa prévision de croissance pour le Canada en 2016. Plus tôt ce mois-ci, des économistes du secteur privé ont présenté à M. Morneau des prévisions revues à la baisse. Le ministère fait une moyenne de ces prévisions du secteur privé pour créer la base financière sur laquelle il élabore le budget fédéral. Le premier budget du gouvernement Trudeau devrait être présenté à la fin du mois de mars.

La source qui s'est confiée à La Presse Canadienne a indiqué que M. Morneau révélerait lundi certaines de ces projections révisées et expliquerait comment elles influenceront le budget.

Le ministre établira aussi qu'étant donné la situation actuelle, il est plus important que jamais pour le gouvernement libéral d'investir dans l'économie pour promouvoir la croissance et aider la classe moyenne.

M. Morneau, a ajouté la source, réitérera que l'approche libérale sera plus bénéfique pour la croissance, tant dans l'immédiat qu'à long terme, que la philosophie conservatrice de coupes dans les dépenses.

Lundi, le ministre discutera de la situation économique du pays dans un centre communautaire d'Ottawa dans le cadre de ses consultations prébudgétaires. Il doit ensuite se présenter, mardi, devant le comité des finances de la Chambre des communes.

La semaine dernière, le comité multipartite des finances a entendu des dizaines de groupes, des lobbyistes, des chefs des Premières Nations et des économistes sur ce qu'ils veulent voir dans le budget. Beaucoup d'entre eux ont demandé au gouvernement de respecter ses engagements électoraux.

Pour aider à relancer l'économie, le gouvernement libéral compte sur une augmentation des investissements dans les infrastructures, des changements dans les paliers d'imposition pour aider la classe moyenne et des ajustements aux prestations pour enfants.

Le premier ministre Justin Trudeau a récemment admis que les libéraux n'allaient pas atteindre leur objectif de maintenir le déficit de 2016-2017 sous la barre des 10 milliards $. Il a aussi exprimé des doutes sur sa promesse de rétablir l'équilibre budgétaire avant la fin de son mandat de quatre ans. C'était pourtant un des engagements phares de la plateforme électorale libérale.

Son gouvernement a plutôt insisté sur une autre promesse centrale de son programme: celle de continuer à abaisser le ratio dette-PIB. Selon des experts, Ottawa pourrait cumuler un déficit allant jusqu'à 25 milliards $ et quand même réduire ce ratio.