Le gouvernement fédéral n'a exercé aucune pression sur Air Canada pour qu'il fasse l'acquisition de 45 avions du C Series de Bombardier au moment où la compagnie annonce la suppression de 7000 postes, a  affirmé le ministre fédéral des Transports, Marc Garneau.

M. Garneau a ajouté que la demande d'aide financière faite à Ottawa demeure à l'étude par son collègue Navdeep Bains, ministre responsable de l'Innovation, des Sciences et du développement économique.

En point de presse au parlement, le ministre Garneau s'est dit à la fois attristé par la nouvelle des pertes d'emplois, et encouragé par l'annonce de la commande d'Air Canada.

«Nous devons tous nous rappeler que des êtres humains et leur famille seront affectés, a-t-il déclaré. Par contre, l'annonce d'Air Canada est aussi une très bonne nouvelle [...]. Cet investissement aura un impact sur l'emploi dans l'industrie de l'aérospatiale canadienne en plus de stimuler la concurrence et les opportunités d'affaire dans ce secteur.»

Le ministre n'a pas voulu préciser quand la décision sera rendue publique au sujet d'une contribution fédérale à Bombardier. Mais dans une entrevue à La Presse la semaine dernière, le premier ministre Justin Trudeau a indiqué qu'une décision sera annoncée au plus tard avant le budget fédéral attendu la semaine du 21 mars.

Marc Garneau a aussi salué l'entente intervenue dans le litige qui opposait Québec et Air Canada au sujet de la fermeture du centre de maintenance d'avions Aveos, survenue en 2012. Les parties ne s'entendaient pas sur les obligations du transporteur en vertu de la loi quant à l'entretien de ses appareils au Québec depuis la faillite de l'entreprise. La nouvelle entente prévoit la création d'un centre d'excellence au Québec pour l'entretien des avions C Series.

La compagnie aérienne s'est aussi engagée à effectuer la révision et l'entretien lourds de ces appareils dans la province pendant 20 ans. «La fin du litige entre le Québec et Air Canada permettra au gouvernement fédéral de clarifier cette loi [sur la participation publique au capital d'Air Canada] et éviter de nouveaux litiges», a indiqué le ministre des Transports. 

Le chef du NPD, Thomas Mulcair, a pour sa part soutenu que le gouvernement Trudeau doit porter une partie du blâme de la perte de 7000 emplois chez Bombardier en n'ayant pas encore indiqué s'il était prêt ou non à donner un coup de pouce financier à ce fleuron de l'aéronautique du Québec.

«Nous avons proposé en campagne électorale un plan pour aider l'aérospatiale et Bombardier en particulier. Cela concernait  plus d'aide à l'innovation et à la commercialisation. Il y a un ensemble de choses qui peuvent être faites par un gouvernement fédéral pour venir en aide à une industrie comme Bombardier. Mais jusqu'ici, les libéraux n'ont strictement rien fait pour Bombardier. C'est totalement inadmissible à un moment où on voit des milliers de familles perdre leur gagne-pain », a affirmé M. Mulcair.

Le député conservateur Maxime Bernier a affirmé que sa formation politique s'oppose à toute forme de subvention directe aux entreprises. Il a soutenu que le ministre Marc Garneau a servi un croc-en-jambe à Bombardier à rejetant l'agrandissement de l'aéroport de Bishop au centre-ville de Toronto alors que Porter avait exprimé l'intention d'acheter des appareils C Series de Bombardier si l'on procédait avec l'agrandissement de cet aéroport.

« Nos pensées sont avec les familles qui ont perdu leurs emplois aujourd'hui. Mais je tiens à dire que la compagnie pose les gestes qu'elle doit faire malheureusement pour se restructurer. (...) Je suis déçu de la décision du gouvernement du Canada qui a bloqué le développement de l'aéroport Bishop à Toronto. Cela a empêché le transporteur aérien de faire l'acquisition d'autres avions C Series. Le ministre Marc Garneau aurait pu aider Bombardier à vendre d'autres avions en permettant le développement de cet aéroport. Cette décision a nui à la compagnie », a dit M. Bernier.