La performance de Thomas Mulcair lors de la dernière campagne électorale a de nouveau été la cible de critiques internes, hier, cette fois-ci par un membre influent du Nouveau Parti démocratique (NPD).

« J'ai appuyé Thomas Mulcair pour devenir chef du NPD, mais il me reste peu d'enthousiasme », a écrit dans le Globe and Mail Gerald Caplan, ancien directeur du parti et commentateur politique prisé dans les médias anglophones.

M. Caplan a reproché à M. Mulcair et son entourage d'avoir laissé aux libéraux la possibilité de faire campagne sur le message d'espoir laissé par Jack Layton à sa mort, tandis que les néo-démocrates se sont rabattus sur des positions comme l'équilibre budgétaire à tout prix.

Ces « propositions idéologiques conservatrices ont démoralisé les membres du parti dès le départ » et « une révolte sérieuse du parti a été évitée de peu », selon le stratège.

Gerald Caplan a malgré tout évité de réclamer le départ du chef. « Compte tenu de l'absence d'alternatives évidentes [...], j'imagine qu'il peut rester encore un peu et nous montrer ce qu'il peut faire. Mais je ressens peu d'enthousiasme », a-t-il noté.

Voix discordantes

Tous les membres du parti ne sont pas du même avis, et la lettre d'un autre militant publiée hier dans le Toronto Star a plutôt réclamé le maintien en poste du chef néo-démocrate.

« Ceci est un appel à l'unité et pour donner à Tom Mulcair le mandat dont il a besoin pour demeurer notre chef national », a exhorté Ron Johnson, qui se présente comme un militant de longue date de la formation en Colombie-Britannique.

« Tom n'a pas laissé tomber le parti, c'est la campagne qui l'a fait », a-t-il ajouté.

Avant Noël, une députée provinciale du NPD en Ontario, Cheri Di Novo, a réclamé le départ du chef. Le même jour, la députée défaite dans la circonscription de Gatineau aux dernières élections Françoise Boivin a sévèrement dénoncé la gestion du dossier du niqab par le chef et son entourage lors de la dernière campagne.

Examen de conscience

Ces sorties publiques surviennent au moment où le parti mène un examen de conscience sur les causes de sa défaite, en vue du congrès d'Edmonton au printemps.

Dans un rapport provisoire rendu public la semaine dernière, la présidente du NPD Rebecca Blaikie a indiqué que selon plusieurs militants, le message du parti a manqué de clarté.

« Notre promesse d'équilibrer le budget fédéral a grandement contribué à nous dépeindre comme des agents de changement prudents », a-t-elle insisté.

Thomas Mulcair a réagi à ce rapport en reconnaissant que « comme chef, [il] assume l'entière responsabilité de ces erreurs ». « J'aurais pu mieux faire. »

M. Mulcair a réitéré hier encore, à sa sortie de la période des questions, son intention de rester en poste. Selon Mme Blaikie, il devra obtenir l'appui d'au moins 70 % des militants s'il souhaite avoir l'autorité morale pour diriger le parti pour l'avenir.