Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon est venu jeudi rencontrer le premier ministre Justin Trudeau, marquant le retour du Canada sur l'échiquier diplomatique mondial permettant sa contribution à l'environnement et à des opérations de maintien de la paix.

«Je veux redonner au Canada sa voix ainsi que rétablir son leadership au sein de l'ONU», a déclaré Justin Trudeau avant l'arrivée de M. Ban, en jugeant sa visite comme une reconnaissance de la volonté du nouveau gouvernement de se réengager dans le multilatéralisme.

Là où son prédécesseur conservateur, Stephen Harper, boudait ouvertement les assemblées générales annuelles de l'ONU, le nouveau premier ministre canadien entend jouer un rôle important hors de ses frontières.

Comme un symbole, Justin Trudeau accueille Ban Ki-moon à son 100e jour au pouvoir, fort d'un bilan honorable à l'international avec des engagements remarqués dans plusieurs sommets comme, par exemple, à la conférence sur le climat de l'ONU en décembre à Paris.

L'arrivée massive de réfugiés syriens depuis deux mois - déjà près de 20 000 sur les 25 000 attendus avant fin février -, est également à mettre au crédit de Justin Trudeau et saluée par M. Ban.

«J'espère voir beaucoup de pays prendre la même direction avec autant de compassion que ne l'a fait le premier ministre (Trudeau)», a déclaré sur la radio de CBC M. Ban, qui devait visiter avec son hôte un centre d'accueil de réfugiés syriens.

M. Trudeau a prévu, au cours de son entretien jeudi à la mi-journée, de réaffirmer l'engagement du Canada «à l'égard de l'ONU (...) sur de grands dossiers mondiaux, dont le changement climatique», mais aussi sur la situation en Syrie et en Irak, ou le dossier des réfugiés.

Des Canadiens soldats de la paix

M. Trudeau, qui vient d'annoncer l'arrêt des frappes aériennes canadiennes contre les positions du groupe État islamique en Irak et en Syrie, dans le cadre de la mission de la coalition internationale, a prévu d'envoyer plus de militaires sur le terrain pour former les forces de sécurité locales.

Dans un domaine souvent privilégié par les forces armées canadiennes, le secrétaire général de l'ONU devait demander à M. Trudeau de contribuer davantage aux opérations de maintien de la paix, en particulier dans les missions de l'ONU en Haïti et en République centrafricaine.

Sur l'environnement, M. Trudeau a adhéré à l'accord de la COP21 à Paris sur une réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) afin de limiter la hausse de la température à +1,5°C en 2050 par rapport à l'ère préindustrielle. Il devra pour cela combiner cet objectif avec une économie dépendante de l'activité pétrolière, le Canada étant le cinquième producteur mondial de brut à partir de l'exploitation des sables bitumineux dans l'Ouest.

Jusqu'ici point noir sur le tableau de l'ONU et de son Comité des droits de l'homme, la question des discriminations envers les populations autochtones est prise en compte par Justin Trudeau. Le premier ministre libéral a lancé une enquête publique sur les meurtres et disparitions de femmes autochtones, restés inexpliqués depuis plus de trois décennies, et a promis aux Premières nations une pleine égalité des droits.

M. Trudeau s'est aussi engagé à ratifier la déclaration de l'ONU sur les droits des peuples autochtones. Le Canada, comme trois autres pays (Australie, Nouvelle-Zélande et États-Unis), avait voté contre ce texte lors de son adoption en 2007.

Au programme de MM. Trudeau et Ban, un échange avec des jeunes est prévu dans une école, suivi par un dîner officiel. Vendredi, le secrétaire général de l'ONU sera à Montréal, une des huit villes dans le monde abritant une agence des Nations unies, avec l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI).