Les élus bloquistes se résignent à l'idée que le comité qui se penche à Ottawa sur l'aide à mourir va faire le travail sans eux. Mais ça ne veut pas dire pour autant qu'ils vont s'exclure du débat.

Luc Thériault, leader parlementaire du Bloc québécois, assure que les dix députés de sa formation saisiront chaque occasion aux Communes pour s'exprimer sur ce sujet.

«Dans ce débat-là, on va intervenir, on va revenir à la charge. On va faire faire tout ce qu'il faut pour interpeller les gens, mais de l'extérieur. Donc, on va commenter les travaux», a-t-il assuré en entrevue, mercredi après-midi, à la sortie de la première réunion de l'année du caucus bloquiste.

Comme ils ne sont que 10, les députés du Bloc québécois ont été exclus du comité formé pour étudier la question et livrer un rapport aux Communes le 26 février. Le Parlement a jusqu'en juin pour adopter une nouvelle loi encadrant l'aide médicale à mourir, la Cour suprême ayant invalidé les articles du Code criminel qui l'interdisent.

Le comité spécial formé de cinq sénateurs et de 11 députés a commencé ses travaux lundi.

En décembre, les bloquistes ont tenté, en vain, de faire valoir qu'étant des élus québécois, ils devraient avoir voix au chapitre, le Québec ayant déjà fait tout ce débat.

M. Thériault n'est pas rassuré par la présence au comité du député québécois Gérard Deltell. M. Deltell, ancien caquiste, a participé au débat qui a duré six ans au Québec et il a voté en faveur de la loi encadrant les soins de fin de vie.

M. Thériault commence par souligner que les deux collègues conservateurs de M. Deltell choisis pour ce comité ont des idées bien arrêtées.

«Deux députés conservateurs sur les trois sont pro-vie. Moi je pense que tu ne peux pas arriver dans un débat comme ça et déjà être (étiqueté)», a-t-il dit.

«Ce n'est pas des militants qu'on veut, c'est des représentants du peuple qui ont un mandat et qui doivent rencontrer les exigences de la Cour suprême», a-t-il ajouté.

Et selon lui, rien ne prouve que M. Deltell, maintenant conservateur, exprimera son opinion personnelle plutôt que celle de son parti.

«Est-ce que son parti envoie ces députés-là libres d'une ligne de parti? Je n'en sais rien. Je ne sais pas quelles sont les consignes qui ont été données», a-t-il fait remarquer.

À la première réunion du comité, lundi, des questions de M. Deltell portaient sur la protection des personnes les plus vulnérables. Le même souci était exprimé par ses deux collègues conservateurs au comité.

Par ailleurs, comme d'autres, les bloquistes doutent que, devant l'ampleur de la tâche, le comité réussisse à livrer un rapport en cinq semaines.