Le ministre canadien de la Défense nationale a visité, lundi, le théâtre des opérations militaires contre le groupe armé État islamique en Irak.

Lors de cette visite, Harjit Sajjan a rencontré notamment des membres de l'état-major kurde et du commandement des forces spéciales canadiennes, qui ont repoussé une importante offensive, la semaine dernière, à l'ouest d'Erbil, la capitale de la région autonome du Kurdistan, dans le nord de l'Irak.

Le groupe armé État islamique a mené une offensive majeure contre les forces kurdes (peshmergas), jeudi dernier, afin de percer sur plusieurs fronts les lignes de la coalition. Deux CF-18 canadiens ont bombardé une position de combat d'ÉI au nord-ouest de Mossoul occupée, deuxième ville en importance du pays. Des membres des forces spéciales canadiennes entraînant les combattants kurdes ont même ouvert le feu pour appuyer les Kurdes.

Selon le commandement américain de la coalition, jusqu'à 200 membres d'ÉI auraient été tués dans cette bataille.

Le ministre Sajjan soutient que les membres de la coalition n'avaient pas été pris au dépourvu par cette offensive - qui ne sera pas la dernière. «Nos militaires sur le terrain ont travaillé étroitement avec les peshmergas pour être prêts à ces éventualités, et leur entraînement a porté fruit», a-t-il souligné lundi lors d'un appel conférence avec les journalistes, depuis Erbil.

Certains observateurs internationaux ont estimé que cette offensive d'État islamique, qui a mis à contribution des centaines de combattants, marque un virage dans la stratégie du groupe armé au Moyen-Orient.

Le ministre Sajjan a par ailleurs indiqué que lors de ces rencontres avec les Kurdes et avec des responsables irakiens à Bagdad, il n'avait pas été question du retrait des chasseurs CF-18 canadiens de la région, une promesse du gouvernement Trudeau.

Mission de formation

M. Sajjan soutient par contre qu'il a discuté avec ses partenaires des nouvelles contributions que le Canada pourrait apporter à la lutte à État islamique, notamment la mission de formation des militaires et policiers, mais aussi d'autres tâches qui n'avaient pas été évoquées jusqu'ici - comme la formation en médecine de campagne et en évacuation des blessés. «En comprenant mieux ce qui se passe sur le terrain, on peut ensuite réfléchir à ce qu'on peut offrir», a-t-il expliqué.

Le gouvernement conservateur de Stephen Harper avait engagé l'armée canadienne à une mission de combat jusqu'à la fin de mars 2016, mais le ministre Sajjan a laissé entendre que les libéraux ne se sentent pas liés par cet échéancier. «La décision de mettre un terme aux frappes aériennes ne sera pas basée sur cet engagement mais plutôt sur notre contribution future au combat» contre ÉI, a-t-il dit.

«Nous sommes très près d'une entente (avec la coalition) et une décision devrait être annoncée dans un avenir pas trop lointain», a indiqué habilement le ministre.

Son collègue des Affaires étrangères, Stéphane Dion, répète que la fin des frappes aériennes canadiennes aura lieu «au cours des prochaines semaines», en tenant compte des plans de la coalition.

Le ministre Sajjan a par ailleurs indiqué lundi qu'il avait eu plusieurs discussions sur les divisions sectaires entre factions en Irak - à la source des violences. L'ancien lieutenant-colonel de l'armée canadienne, qui a effectué trois missions en Afghanistan, s'est dit convaincu qu'il faut déployer davantage d'énergie pour faire face à ce problème fondamental.

Il a été plus évasif sur la participation du Canada à une éventuelle mission dirigée par la Grande-Bretagne contre État islamique en Libye. La coalition songe déjà à étendre ses opérations à l'extérieur de l'Irak et de la Syrie, a quand même confirmé le ministre Sajjan, citant notamment le Sinaï, où un avion de ligne russe a été abattu en plein vol le 31 octobre.

L'attentat, qui a fait 224 morts, a été revendiqué par État islamique.