Les ministres des Finances des provinces et des territoires sont ressortis satisfaits de leur première rencontre avec leur homologue au fédéral, Bill Morneau, lundi.

Il a été convenu lors de cette réunion qu'Ottawa ne bougerait pas avant plusieurs mois dans le dossier de la réforme du Régime de pensions du Canada (RPC), histoire de prendre le temps de mener des consultations, a précisé M. Morneau.

«Nous n'avons pas pris d'engagement ferme, et ce n'était pas l'objectif de la rencontre d'aujourd'hui (...) Notre objectif, c'est que dans un an, nous ayons davantage de choses à dire aux Canadiens à ce sujet», a résumé le ministre en point de presse à l'issue de la rencontre.

Le Québec, qui s'est doté de son propre régime de retraite, s'est dit ouvert à procéder à des modifications, mais dans la mesure où celles-ci seront «ciblées», a pour sa part spécifié le ministre québécois des Finances, Carlos Leitao.

«Ce ne sont pas tous les groupes de travailleurs qui ont besoin d'une amélioration du régime de pension», a-t-il prévenu. Il serait ainsi «potentiellement» pertinent d'améliorer le système de prestations pour ceux dont le revenu annuel oscille entre 50 000 $ et 75 000 $, a signalé M. Leitao.

Des ajustements majeurs au RPC nécessiteraient le soutien d'au moins sept des dix provinces représentant au moins les deux tiers de la population du pays.

Un changement éventuel au régime canadien aurait un impact sur sur le Régime des rentes du Québec (RRQ), a indiqué le ministre. «C'est clair qu'on ne peut pas avoir au Canada un système de pensions qui soit complètement balkanisé», a-t-il expliqué en mêlée de presse.

La réforme du régime de retraite n'était pas la seule question à l'ordre du jour. Le nouveau grand argentier à Ottawa est revenu sur certaines promesses faites par les libéraux pendant la campagne, dont l'Allocation canadienne aux enfants et les investissements massifs en infrastructure.

La rencontre a également été l'occasion de faire le point sur la difficile réalité économique canadienne à laquelle est confronté le nouveau gouvernement libéral, alors que les finances du pays sont mises à mal par la dégringolade des prix de l'énergie.

La veille, alors que les ministres convergeaient vers Ottawa, le ministère fédéral des Finances informait les provinces et les territoires du montant qu'ils toucheront en paiements de transferts pour la prochaine année financière.

Avec ses 21,4 milliards $ - dont 10,3 milliards $ en péréquation - pour 2016-2017, le Québec arrive en tête de peloton, une situation que le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, a qualifiée de «gênante» sur les réseaux sociaux.

Le ministre Leitao n'a pas voulu tomber dans les caractérisations, vantant plutôt les mérites du système canadien en matière de péréquation, «une composante très efficace du fédéralisme fiscal canadien», selon lui.

«Quand on compare à ce qui s'est passé dans d'autres fédérations (...), par exemple en 2008-2009, un des facteurs qui a contribué à aggraver la crise financière dans l'Union européenne, c'est justement l'absence d'une formule de transfert parmi les composantes de la fédération», a-t-il illustré.

«Nous avons ça au Canada, et je peux vous dire que ça a bien fonctionné jusqu'à maintenant», a conclu M. Leitao.

Le ministre québécois dit maintenant avoir l'intention de suivre de près l'évolution d'un autre dossier: celui du réajustement du Transfert canadien en matière de santé (TCS), qui n'a pas fait l'objet de discussions, lundi.

Pendant la campagne électorale, le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, avait demandé dans une lettre envoyée à tous les chefs de partis fédéraux, d'augmenter le TCS afin qu'il représente 25% des dépenses en santé des provinces.

«On n'est pas au 25%, et je pense que cet objectif-là, il faudra l'atteindre, a soutenu M. Leitao. C'est pour ça que les prochaines discussions des ministres de la Santé du fédéral et du provincial vont être importantes.»