Le Parti conservateur devrait faire une plus grande place aux Québécois, attirer plus de femmes dans ses rangs et améliorer ses relations avec les médias afin de mieux faire passer son message, estime un candidat-vedette de la formation, Dominic Therrien, qui a été défait lors des dernières élections au Québec.

Dans une lettre ouverte intitulée «Diagnostic d'une défaite électorale selon un conservateur francophone» et publiée sur son blogue hier, ce candidat dans la circonscription de Trois-Rivières présente ses recommandations pour contribuer à un «débat d'idées» chez les conservateurs.

«Le but n'est évidemment pas de laver du linge sale en public ou de faire des règlements de comptes, a déclaré cet avocat et ancien joueur de baseball professionnel dans l'organisation des Braves d'Atlanta en entrevue avec La Presse. Le diagnostic que j'ai posé se fait de façon relativement neutre, afin de participer à ce débat d'idées qui va se faire au sein du parti.»

M. Therrien exprime néanmoins certaines conclusions avec une franchise inhabituelle dans les rangs conservateurs sous Stephen Harper. Il s'agit en fait de l'une des rares analyses détaillées présentées par un candidat aux dernières élections dans la foulée de la défaite du 19 octobre.

«Mon expérience lors de la dernière élection m'a démontré que nous avons besoin de faire une place plus grande aux francophones et aux Québécois au sein de notre parti, notamment aux échelons supérieurs, si nous voulons progresser et véritablement devenir un parti national», écrit-il d'entrée

de jeu.

Il est vrai que le parti est passé de 5 à 12 députés entre les élections de 2011 et celles de 2015, convient M. Therrien. Mais ces gains n'ont fait que ramener le PCC à peu près au niveau où il était en 2006 et en 2008 au Québec. De plus, «force est d'admettre que ce n'est pas le Parti conservateur du Canada qui a fait gagner la plupart de ces élus, mais bien leurs notoriétés/capacités personnelles dans leurs milieux respectifs», ajoute-t-il.

Dans le contexte où plus du tiers des sièges à la Chambre des communes se trouvent au Québec et dans les provinces atlantiques (d'où les conservateurs ont été balayés), «une intégration véritablement bilingue et nationale de notre parti me semble la priorité la plus pressante afin d'élargir notre électorat tout en maintenant notre base», insiste le candidat.

Les médias

Pour ce faire, la formation doit entre autres améliorer ses relations avec les médias, afin de transmettre ses messages de manière plus efficace et positive. «À titre d'exemple, notons une phrase maintes fois utilisée par le Parti conservateur du Canada au Québec durant la campagne: "Les Québécois sont plus conservateurs qu'ils ne le pensent." Il s'agit d'un message fort et efficace, mais qui, en même temps, comporte un certain aveu d'échec. Si les Québécois, après neuf ans de gouvernement conservateur, ne réalisent pas qu'ils sont conservateurs, c'est que forcément nous n'avons pas été en mesure de faire cette démonstration.»

Selon lui, les conservateurs de Stephen Harper ont fait fausse route en entretenant des rapports tendus avec les médias, «une bataille perdue d'avance qui nous sert très mal», dit-il. «Au XXIe siècle, l'omniprésence des médias de toutes sortes (traditionnels et sociaux) est inévitable et je vois mal en quoi ne pas coopérer avec les organisations médiatiques puisse être un avantage stratégique.»

La gent féminine

Il note enfin que le parti doit s'interroger sur ses difficultés à attirer plus de femmes dans ses rangs. Moins de 20% des candidats conservateurs étaient des femmes aux dernières élections, contre à près de la moitié chez le NPD.

D'autres conservateurs ont fait certains commentaires sur cette défaite électorale et les années Harper, mais pas de manière aussi détaillée que ce «diagnostic» posé par M. Therrien. Par exemple, la nouvelle chef intérimaire, Rona Ambrose, a promis d'abandonner la «méchanceté» qui a parfois caractérisé l'attitude des troupes de M. Harper depuis 10 ans. Et certains, dont l'un des candidats potentiels à la direction du parti, Jason Kenney, ont affirmé que le ton de la campagne avait été trop négatif.

Dominic Therrien a perdu contre le député sortant du NPD Robert Aubin par près de 8000 voix dans Trois-Rivières. Stephen Harper a visité sa circonscription deux fois durant la campagne.