Justin Trudeau a «affranchi» les diplomates canadiens à l'étranger.

Dès son arrivée en poste à Ottawa, mercredi, le premier ministre libéral a envoyé une lettre aux ambassadeurs et hauts-commissaires du Canada à l'étranger. En ce «début d'une nouvelle ère» pour «l'engagement international du Canada», il assure les chefs de mission que son gouvernement compte sur leur jugement et leurs connaissances afin d'élaborer les objectifs de politique étrangère du pays.

La lettre, que La Presse Canadienne a obtenue, marque un changement de ton radical d'Ottawa à l'égard de ses diplomates. Depuis 10 ans, le gouvernement conservateur de Stephen Harper avait plutôt habitué ses représentants à l'étranger à un contrôle très strict de leurs activités. Les discours devaient obtenir d'abord l'approbation d'Ottawa, tout comme chaque détail des événements publics organisés à l'étranger par les chefs de mission.

Dans sa missive, M. Trudeau n'évoque pas directement le précédent régime mais il adopte un ton rassurant. «Vous êtes des professionnels expérimentés et compétents et vous comptez parmi les meilleures ressources du Canada sur la scène internationale, écrit le premier ministre. Sous ma direction, vous obtiendrez un gouvernement qui croit en vous et qui appuie votre travail aux quatre coins du monde.»

Ce «style complètement nouveau» a été qualifié de «bouffée d'air frais» par un diplomate qui a préféré garder l'anonymat. «Il s'agit d'un témoignage de confiance très inspirant pour nous.»

M. Trudeau trace aussi les grandes lignes de ses objectifs à court et moyen termes en matière de politique étrangère, et dit vouloir compter sur les diplomates pour lui indiquer quelles forces le Canada peut partager avec le reste du monde. «Les échanges commerciaux et les investissements internationaux favorisent la croissance et la création d'emplois pour la classe moyenne ici même au Canada, tandis que la poursuite d'un développement durable au pays et à l'étranger est cruciale pour forger un avenir économique prometteur et veiller à notre bien-être.»

Le premier ministre compte aussi sur les diplomates pour expliquer au monde les nouveaux engagements du Canada, notamment en matière de lutte contre les changements climatiques, de sécurité internationale et d'économie mondiale. «Je sais par ailleurs que cela ne pourra pas se faire du jour au lendemain», admet le nouveau premier ministre.

«Mes collègues du Cabinet et moi-même compterons sur votre jugement, vos idées, votre discrétion et votre conscience professionnelle pour promouvoir nos intérêts. Je suis convaincu que vos rapports et nos interactions lors de mes visites à l'étranger nous procureront les bases fondamentales et factuelles nécessaires à la formulation de nos politiques.»

Le nouveau premier ministre évoque d'ailleurs ses prochains et nombreux voyages officiels à l'étranger.

M. Trudeau participera d'abord au sommet du G20, en Turquie dans 10 jours, puis au sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC), aux Philippines, au sommet du Commonwealth, à la fin du mois à Malte, et surtout à l'ouverture de l'importante conférence internationale sur le climat, au début du mois de décembre à Paris.

M. Trudeau rappelle d'ailleurs son engagement électoral de faire du Canada «un membre actif et constructif» des Nations unies et d'autres organisations multilatérales.

Le gouvernement Harper s'était montré très critique à l'endroit des Nations unies, qualifiant l'instance de forum pour dictateurs, inefficace et coûteuse. Le Canada a d'ailleurs raté en 2010 l'occasion de décrocher un siège au Conseil de sécurité, une première depuis la création de l'ONU, il y a 70 ans.