Alors que les libéraux ont promis que le Canada accueillerait 25 000 réfugiés syriens d'ici la fin de l'année, les fonctionnaires du gouvernement fédéral se demandent s'ils seront en mesure de traiter l'inventaire des demandes de réfugiés moins ambitieux et déjà accéléré par le gouvernement conservateur sortant pendant la campagne électorale.

Le ministère de l'Immigration et de la Citoyenneté a redoublé d'ardeur dans les dernières semaines pour accueillir les réfugiés syriens plus rapidement.

Chaque année, l'arrivée des réfugiés est interrompue temporairement à compter du 15 décembre en raison des fermetures des Fêtes dans les bureaux pour les visas et les organismes communautaires. Mais cette fois-ci, les bureaux resteront ouverts dans la foulée de la crise des réfugiés, qui s'était invitée dans la campagne à la suite de la publication d'une photo troublante du petit Alan Kurdi, noyé sur une plage turque.

L'événement avait amené le Parti libéral à promettre d'accueillir 25 000 réfugiés d'ici 2016, en plus d'un investissement de 100 millions $ pour aider leur établissement au pays et encourager le parrainage privé.

Les responsables du traitement des cas de réfugiés travaillent à respecter la promesse du gouvernement conservateur sortant. L'engagement conservateur fait en janvier d'établir au pays 10 000 réfugiés syriens d'ici 2018 a été bonifié en septembre, le ministère disant alors qu'il avait l'objectif de respecter cette promesse avant la fin de l'année.

«L'objectif du gouvernement est que toutes les requêtes syriennes reçues en date du 19 septembre 2015 obtiennent une décision d'ici la fin décembre», disait le ministère à ce moment, un objectif que les responsables n'ont pas voulu réitérer cette semaine.

Couper ailleurs?

Selon des spécialistes, toutefois, l'engagement des libéraux frappe un mur d'incertitude puisqu'une telle mesure aurait des conséquences sur le travail déjà entamé par les fonctionnaires et sur le système canadien d'immigration dans son ensemble.

Brian Dyck, président de l'Association canadienne des signataires d'entente de parrainage, affirme qu'une telle promesse nécessite qu'on évalue d'où proviendront les ressources, et s'il sera nécessaire de couper ailleurs pour atteindre cet objectif.

«On peut soit ajouter des employés, ajouter des programmes ou emprunter dans ce qui existe déjà. Je crois que plusieurs groupes de parrainage s'inquiéteront des impacts (de la politique) sur le parrainage privé des Syriens et des Irakiens», a-t-il expliqué.

M. Dyck s'inquiète d'ailleurs de ce qui se passera avec les réfugiés des autres régions du monde qui voudraient s'installer au Canada. Dix pour cent des quelque 260 000 immigrations au Canada sont des cas humanitaires, dont des réfugiés. Les 25 000 cas promis par les libéraux constituent ce seuil à eux seuls, a-t-il relevé.

«Encore une fois, il faut se demander où on prendra cela. Est-ce qu'on va augmenter le nombre d'immigrations ou on va augmenter le nombre de cas humanitaires parmi les immigrants?», s'est-il questionné.