Le nouveau gouvernement du Canada devrait finalement joindre le programme américain de défense antimissile balistique, comme y songeaient d'ailleurs les conservateurs avant leur défaite, estiment des experts en matière de sécurité et de défense internationales.

Dans son rapport rendu public mardi, un groupe de travail du Centre d'études en politiques internationales de l'Université d'Ottawa rappelle que pendant des années, aucun gouvernement canadien n'a voulu aborder ce sujet délicat, qui soulève les passions dans certains milieux. Mais selon l'un des auteurs de l'étude, la situation mondiale a bien changé depuis.

En 2005, le gouvernement libéral de Paul Martin avait décidé de ne pas participer au programme américain de défense antimissile balistique, une décision que les conservateurs de Stephen Harper réévaluaient avant d'être chassés du pouvoir, le 19 octobre dernier.

Robert McRae, ambassadeur du Canada à l'OTAN jusqu'en 2011 et coprésident du groupe de travail, estime que le Canada devrait être présent autour de la table lorsqu'éclate une crise et que les membres de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord prennent des décisions qui touchent la sécurité du pays.

À l'heure actuelle, les représentants canadiens doivent quitter la salle lorsque les officiers américains discutent de défense antimissile balistique au Commandement de la défense aérospatiale de l'Amérique du Nord (NORAD). Un malaise que deux anciens ministres libéraux de la Défense avaient déploré l'an dernier lors de leur témoignage devant un comité sénatorial.

Le rapport du groupe de travail du Centre d'études en politiques internationales pourrait servir de feuille de route aux libéraux de Justin Trudeau dans la mise en oeuvre de leur ambitieuse plateforme électorale en matière de défense et de politique étrangère.

Outre M. McRae, le groupe de travail était formé d'un ancien secrétaire adjoint du cabinet, James R. Mitchell, d'un ancien membre du Commandement des opérations interarmées, Stuart A. Beare, d'une professeure de sciences politiques à l'Université Queen's, Stéfanie von Hlatky, et d'une professeure de relations internationales à l'Université Carleton, Elinor Sloan.

Le groupe de travail recommande aussi, notamment, que le Canada discute avec l'OTAN des meilleures façons de renforcer la dissuasion militaire dans l'Arctique.