Largement crédité pour la percée conservatrice dans la région de Québec, l'ancien ministre des Affaires intergouvernementales Denis Lebel est vu comme l'un des candidats possibles pour occuper les fonctions de chef intérimaire du Parti conservateur dans la foulée de la démission de Stephen Harper, lundi soir.

Le nom de l'ancienne ministre des Travaux publics Diane Finley a aussi été évoqué dans les cercles conservateurs, alors que les instances du parti doivent se pencher sur la succession de M. Harper, qui était à la barre du Parti conservateur depuis 2004. Même s'il a quitté ses fonctions de chef, M. Harper a l'intention de siéger comme simple député à la Chambre des communes dans l'avenir immédiat.

Selon des informations obtenues par La Presse, hier, le nom de Denis Lebel, perçu comme la force tranquille de Stephen Harper au Québec depuis deux ans, s'est imposé dans les premières heures qui ont suivi la défaite des conservateurs aux mains des libéraux de Justin Trudeau.

«Denis Lebel ne nourrit pas l'ambition de diriger le parti un jour. Il a fait un travail colossal au Québec. C'est d'ailleurs au Québec, et au Québec seulement, que le Parti conservateur a fait des gains durant les élections de lundi», a indiqué une source conservatrice qui s'exprimait sous le couvert de l'anonymat.

«À mon avis, c'est un choix qui s'impose naturellement», a ajouté cette source, soulignant que M. Lebel pourrait assurer l'intérim puisqu'il est en mesure de s'exprimer dans les deux langues officielles - un élément important alors que le Parti conservateur entreprend une période de reconstruction sur les banquettes de l'opposition.

Joint hier, M. Lebel a dit vouloir laisser retomber la poussière avant d'envisager tout autre rôle au sein de son parti.

Bien que cette décision appartienne au caucus conservateur, qui compte maintenant 99 députés, Stephen Harper pourrait voir d'un bon oeil le choix de Denis Lebel, qui était son lieutenant politique au Québec, d'autant plus que ce dernier a permis au parti d'augmenter sa députation dans la province en recrutant des candidats de marque. En revanche, l'Ontario a carrément fait faux bond au Parti conservateur lundi soir, et quelques figures de proue du parti pourraient être montrées du doigt, notamment Tony Clement.

Dans une déclaration écrite, le président du Parti conservateur, John Walsh, a indiqué hier qu'il convoquerait sous peu une réunion de l'exécutif national afin de mettre sur pied un comité chargé d'organiser une course à la direction, d'établir les règles de cette course et de fixer la date de l'élection du successeur de Stephen Harper.

M. Walsh a tenu à remercier le chef démissionnaire. «Stephen Harper a changé le Canada pour le mieux, ayant bâti un mouvement conservateur national durable, axé sur un Canada juste, plus prospère et occupant une place prépondérante sur la scène mondiale», a-t-il affirmé.

Bonnes nouvelles

Malgré la défaite, les élections ont porté de bonnes nouvelles pour le Parti conservateur. Il a réalisé son meilleur score au Québec depuis l'arrivée au pouvoir de Stephen Harper, avec une récolte de 12 sièges. Les bleus ont remporté 10 des 12 circonscriptions de la région de Québec.

Cette percée est accueillie avec enthousiasme par Gérard Deltell, nouvelle étoile du Parti conservateur dans la province.

«Si on regarde la réalité des faits, on a quasiment triplé notre nombre de députés, a observé le nouveau député de Louis-Saint-Laurent. Le Parti conservateur a marqué des points au Québec.»

Voilà pourquoi un grand coup de barre n'est pas nécessaire, selon lui. Bien qu'il se garde de commenter la course à la direction qui va bientôt s'amorcer, il espère que «l'ADN» du parti restera intact.

«Une saine gestion des fonds publics, une attitude rigoureuse dans les dépenses, laisser plus d'argent dans les poches du monde plutôt que dans les mains du gouvernement, ça, c'est fondamental dans l'ADN d'un conservateur, a-t-il dit. C'était vrai sous Brian Mulroney et c'est vrai aujourd'hui.»

Le Parti conservateur est souvent présenté comme un carrefour rassemblant des réformistes de l'Ouest, des conservateurs sociaux de l'Ontario et des progressistes du Québec. M. Deltell dit ne pas avoir senti la présence de différentes factions au sein de la formation politique.

«Qu'il y ait à l'intérieur de tous les partis des tendances, des textures, c'est tout à fait normal, c'est vrai dans tous les partis politiques», a-t-il souligné.