Stephen Harper a continué à refuser de répondre aux questions des journalistes sur le procès Duffy, hier, tandis que Nigel Wright a pu quitter la barre des témoins après six jours de témoignage.

De nouveaux éléments présentés au procès mardi ont contredit la version du premier ministre et de son entourage selon laquelle son chef de cabinet actuel, Ray Novak, ignorait que Nigel Wright avait signé un chèque de 90 000$ à Mike Duffy. M. Wright a été congédié par M. Harper en mai 2013 lorsque l'existence de ce chèque a été révélée dans les médias.

Dans une déclaration faite à la GRC en février 2014, l'ancien avocat du cabinet du premier ministre Benjamin Perrin a affirmé que M. Novak était au fait de l'existence de ce chèque puisqu'il était présent lors d'une réunion où il en avait été question, en mars 2013, soit deux mois avant le congédiement de M. Wright.

En point de presse à London, en Ontario, hier, le premier ministre a refusé de répondre aux quatre questions qui lui ont été posées à ce sujet. «Je ne vais pas faire des commentaires sur des choses qui sont devant les tribunaux actuellement», a-t-il déclaré.

«Il y a deux personnes qui, selon mon jugement, sont responsables: M. Duffy, qui n'a pas remboursé les contribuables pour des dépenses qui à mon avis ne peuvent être justifiées, et M. Wright, qui, même s'il a remboursé les contribuables, l'a fait sans mon autorisation et contre ma volonté», a ajouté M. Harper.

On pourrait en apprendre davantage au cours des prochains jours: Benjamin Perrin doit témoigner ce matin. Il pourrait être suivi à la barre des témoins par Chris Woodcock, qui était chargé de la gestion d'enjeux délicats au cabinet du premier ministre au moment des faits et qui a lui aussi participé activement aux jeux de coulisse dans l'affaire Duffy.

Le témoignage de Nigel Wright a pris fin hier après cinq jours du contre-interrogatoire mené par l'avocat de Mike Duffy, Donald Bayne. Me Bayne a concentré ses efforts sur les pressions qui ont été exercées sur son client par le cabinet du premier ministre afin que le sénateur déclare publiquement qu'il avait lui-même remboursé le Sénat. L'avocat a qualifié ce scénario de trompeur pour les contribuables.

Michael Spratt, criminaliste d'Ottawa qui a suivi le procès de près au cours des derniers jours, estime que le camp Duffy a marqué des points politiques au sein de l'opinion publique grâce à cette approche. Mais d'un point de vue juridique, «je ne crois pas que ça fasse grand-chose pour aider M. Duffy», a noté Me Spratt.

«Ça donne l'impression qu'il était impliqué avec des gens qui étaient tout aussi coupables que lui, plutôt que de laisser croire qu'il n'est pas coupable.»

Mike Duffy fait face à 31 chefs d'accusation, dont ceux de corruption d'un fonctionnaire et de fraude envers le gouvernement pour avoir accepté le chèque de 90 000$ de Nigel Wright. Personne d'autre n'a été accusé dans cette affaire.

- Avec La Presse Canadienne